Photo Alpagas

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vendredi 25 mars 2016

Dany le nain - épisode 24

LE CARNET DE VOYAGE DE DANY LE NAIN – ÉPISODE 24

L’ambiance n’est pas très bonne, mais nous ne sommes pas retombés en panne.
 Après la panne, bien entendu, nous sommes repartis. Mais l’histoire de la baguette et du sabotage leur reste un peu en travers de la gorge, j’ai l’impression… Les premiers jours, je me suis dit qu’il fallait que je trouve un moyen de me faire pardonner. J’ai cherché : un cadeau, je ne voyais pas quoi ; une petite attention, comme faire leur lit ou la cuisine, faut pas rêver… ; une belle lettre d’excuses, c’est pas mon truc ; aller leur parler pour m’expliquer non plus…
Malgré mes recherches – pas extrêmement poussées, je l’avoue – je n’ai pas trouvé. J’ai donc décidé que j’attendrais. De toute façon, c’était un peu à eux aussi de s’excuser. Je n’avais qu’à me dire que s’ils ne me refaisaient pas de coup bas, nous serions quittes, et qu’avec un peu de chance, ils ne m’en referaient pas. Mais je n’eus pas de chance.
On visita le lendemain des bâtiments de la culture Inca, avec de magnifiques fresques peintes sur les murs. Ils furent désagréables tout du long, et me firent plein de coups méchants, en me mettant devant les gens dans des situations embarrassantes, et en m’obligeant à marcher par terre à côté d’eux, sans pouvoir retourner dans le sac ! Quand ils faisaient un pas, j’en faisais huit. Voire neuf. J’étais content quand ils m’ont annoncé qu’ils finiraient la visite sans moi pour me punir.
Quand ils sont partis visiter, ils ont donc trouvé normal de me laisser dans le sac qu’ils ont déposé à l’entrée.  Je m’en suis échappé avec la discrétion qui est la mienne (vous me connaissez) et je suis parti à pas délicats voir si quelqu’un voulait bien discuter avec un pauvre nain délaissé. C’est là que j’ai rencontré deux nouveaux amis. (D’ailleurs, en parlant d’amis, ça me fait penser : vous vous souvenez de mon ami le manchot de Magellan, Dimi ? Et bah, j’sais pas si je vous en avais reparlé, mais on discute vachement, tous les deux, par lettres !)
Oui donc… Mes nouveaux amis. On va pas utiliser le mot « amis » d’ailleurs, parce que je les définirais pas comme ça, en fait, parce que c’étaient un peu des gens bizarres… Si vous voyez ce que je veux dire. Le premier ne paraissait pas très sympathique, mais j’ai décidé de l’aborder quand même, avec joie et bonne humeur.
« Bonjour ! Vous connaitriez pas la blague du fou qui repeint son plafond ? dis-je, sautant de joie devant la possibilité de la retrouver.
- Non. »
Sa réponse me déstabilisa un peu.
« Vous… vous habitez ici ?
- Oui.
- De…de puis longtemps ?
- Oui.
-Combien de temps, si ce n’est pas indiscret ?
- Des centaines d’années. 
- Vous vous appelez comment ?
- Je n’ai pas de nom. »
Pas très bavard, c’est le moins qu’on puisse dire. Je tentai donc de retrouver la blague du fou qui repeint son plafond, afin de lui raconter et de le dérider. Rien à faire, ça ne serait pas pour aujourd’hui.
« J’aime bien votre chapeau ! »
Je me retournai pour voir qui m’interrompait ainsi dans une délicieuse méditation. C’était une femme. On pouvait dire qu’au premier abord elle n’avait pas un physique très avantageux…
« Euh, merci, répondis-je.
- Vous vous appelez comment ? Moi c’est Médusa ! Vous savez, ma grand-mère disait toujours « si tu vois un inconnu avec un chapeau, ne le dévisage pas ». Je m’excuse si je vous ai dévisagée ! Je n’ai pas pu m’en empêcher… Vous pouvez me donner votre chapeau ? Vous êtes beau, monsieur ! Moi je suis moche, tout le monde me le dit ! Mais je m’en fiche, vous savez ! Comme disait ma grand-mère…
- D’aaaccord d’accord d’accord d’accord !
- Vous n’aimez pas quand je parle ? »
J’étais embarrassé, je ne savais pas quoi répondre. Je bénis le ciel en voyant arriver les Mollalpagas, chose que je ne pensais pas faire étant donné que j’étais tout sauf impatient qu’ils reviennent me chercher. Mais je préférais leur compagnie à celle de Médusa.
« C’est pas ça, répondis-je. C’est que je dois m’en aller, on vient me chercher.
- Oh noooooon… Vous allez me manquer…
-Oui, c’est ça, au revoir… Pfff ! »
Elle fit un air triste en me voyant partir, et me tendit un chapeau, un panama rouge. Je fis semblant de ne pas la voir. Je courus dans le sac, mais les Mollalpagas la virent.
« Dany, ton amie te tend un chapeau, tu devrais l’essayer ! Allez… »
Je dus donc poser pour les photos, et quand enfin on repartit, je dus poser à nouveau avec des nains rencontrés sur le chemin, et je me fis rebaptiser « Grincheux ». Sale journée.
Prochaine étape : j’ai entendu parler de forêt amazonienne, de Quechua. Je ne sais pas s’ils comptent m’emmener, mais j’ai peur. Très peur.

PS : Tous les dialogues ont bien sûr eu lieu en espagnol, mais je les ai intégralement traduits pour vous, bande d’ignares !

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