Photo Alpagas

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mardi 17 mai 2016

Pérou du 9 au 12 mai : Vallée Sacrée : Sacsayhuamán, Puka Pukara, Tambomachay, Písac, Ollantaytambo, Machu Picchu



106 km parcourus du 9 au 12 mai
29 149 km parcourus depuis le départ



Lundi 9 mai :

Nous sommes toujours au Pérou dans la région de Cuzco que nous avons visitée durant 2 jours. Pour cette dernière matinée dans la capitale Inca, nous allons visiter l’ensemble monumental de Sacsayhuamán.



Le site Inca a été construit avec de grands blocs de pierres de granit qui forment trois séries de murs de différents niveaux, disposés en zigzag.
 
Certains blocs mesurent plusieurs mètres de hauteur et pèsent plusieurs tonnes ! Ils sont parfaitement ajustés les uns aux autres et constituent ainsi les murailles du site.



Sacsayhuamán, qui signifie en quechua « lieu où se rassasie l’aigle » occupe le sommet de la montagne qui domine Cuzco. De là, nous avons un incroyable panorama sur la Cité ancienne jusqu’aux quartiers plus modernes.

Plus qu’une forteresse, ce lieu aurait plus eu une fonction rituelle avec ses petites places, ses fontaines et ses passages souterrains. Les fouilles archéologiques ont permis de découvrir de nombreuses offrandes rituelles.
Les Mollalpagas réunis ! L'alpaga est aussi un animal à poil laineux...


Le chroniqueur De La Hoz écrivait en 1 533 « Aucune construction réalisée par Hercule ou par les Romains ne peut-être comparée à celle-ci ». En effet, comment les Incas qui ne connaissaient pas la roue ont-ils fait pour déplacer des blocs de granit aussi gigantesques ? Et comment ont-ils fait pour les ajuster avec tant de précision ? Et surtout pourquoi une telle forteresse ?


Les portes d’accès à la forteresse sont impressionnantes.
Durant les quatre siècles qui suivirent la période Inca, les murs en pierre servirent de carrière pour la construction des demeures du centre de Cuzco et de la cathédrale.
Face à cette forteresse Inca et au-delà l’esplanade où se déroule chaque année la cérémonie de l’Inti Raymi (fête du Soleil le 24 juin), une colline se dresse et aurait servi de carrière à la construction des murs de Sacsayhuamán.
Une roche taillée en échelons est appelée « le trône de l’Inca ». Lorsque nous arrivons, trois jeunes hommes sont agenouillés sur des pierres taillées et prient. Audrey discute avec un homme faisant des offrandes ; il dispose des feuilles de coca sur une pierre ronde et explique que ce lieu est pour lui mystique et reste très important pour les descendants du peuple Inca.
Les enfants descendent du haut de la colline en glissent sur des toboggans naturels.  
Tour dans les carrières du site. 
Retour au camping-car après un passage à l’agence qui nous a vendu hier les tickets pour le Machu Picchu et qui devait nous les envoyer par mail ce matin à la première heure mais nous n’avons rien reçu. Nous faisons avec Audrey le siège dans son agence en haussant le ton assez fort et au bout d’une heure, nous voici avec nos billets en poche.
Au camping, discussion sympathique avec deux couples de français qui s’apprêtent à laisser en gardiennage leur 4x4 ici même durant leur retour temporaire en France. On se raconte nos anecdotes mécaniques de voyage, assez inévitables lors d’une aventure comme celle-ci. Ils offrent aux enfants (et aux adultes) tablettes de chocolat suisse et bonbons Haribo !
L’après-midi, nous prenons la direction de la Vallée Sacrée. Premier arrêt sur le site de Puka Pukara dont le nom se traduit par « forteresse rouge » en raison du granit rougeâtre utilisé pour la construction du site.

Construit sur un affleurement rocheux, les archéologues pensent qu’il s’agirait d’un poste de vigilance et de contrôle des entrées à Cuzco. Puka Pukara avait donc une fonction militaire. Le site présente une seule entrée, suivie de salles et de chambres utilisées comme dépôts de ravitaillement. Le travail de pierre est moins élaboré que sur d’autres sites Incas mais reste tout de même remarquable. La vue du site avec en toile de fond les montagnes nous ravit.


Quelques centaines de mètres plus loin, nouvel arrêt sur le site Inca de Tambomachay, situé à 3 765 mètres d’altitude. Le site appelé « Bain de l’Inca » est dans un cadre très bucolique (n'est-ce pas Christelle ?).

Il s’agit d’un des meilleurs exemples de l’ingénierie hydraulique Inca. Tambomachay est constitué d’un complexe réseau de canaux qui transporte l’eau vers des terrasses jusqu’à un ensemble de fontaines. Sa fonction était probablement associée au culte de l’eau. Le site est constitué de trois terrasses avec une série de niches dans la partie supérieure et des canaux d’eau qui suivent les terrasses. 

Des grandes niches abritaient des momies que venaient vénérer les gens en leur faisant des offrandes. 
Nous continuons la superbe route qui traverse de charmants villages construits en adobe et observons la vie des habitants. 
Nous reprenons la route et observons les paysages et la vie des gens.










Nous arrivons à Písac à 2 800 mètres d’altitude, point d’entrée de la « Vallée Sacrée ». Point de vue sur la visite de demain.

Bivouac dans les rues de la ville. 

Mardi 10 mai :

Réveil matinal en vue d’être les premiers à entrer sur le site archéologique de Písac. C’est un des ensembles architecturaux emblématiques de la Vallée Sacrée.

Situé sur la rive droite de la rivière sacrée Urubamba, il est accroché à la montagne quelques 700 mètres plus haut à 3 500 mètres d’altitude. Les ruines Incas de Písac sont un ensemble complexe d’habitations, d’entrepôts, de terrasses, d’observatoires et de temples construits sur les pentes des montagnes qui dominent le fond de la vallée. On accède à cet ensemble de granit rose par le haut du site.
Nous déambulons à travers les ruines des quartiers de Kantus Rakay.



Nous voyons entre ces deux quartiers des vestiges de bains.
Vue à couper le souffle en plus de l’altitude qui nous le coupe déjà... autant dire qu’on a du mal à respirer à force de crapahuter à près de 3 500 mètres d’altitude.

Nous voyons dans une des falaises des centaines de cavités creusées et ayant servi de cimetière. Dans une des constructions à flanc de montagne a été retrouvée récemment une momie.
Outre l’intérêt architectural du site bien que les pierres soient moins bien ajustées que sur d’autres sites visités, nous sommes ébahis par les 65 hectares de terrasses de culture couvrant les versants de la montagne. De façon à augmenter l’espace agricole et à consolider les pentes, les Incas ont construit des murs de soutènement de plus de 3 mètres de hauteur.

Nous visitons le quartier haut perché de Kallaqasa.


Malheureusement, l’accès à l’Intihuatana, l’enceinte sacrée du site de Písac avec le Temple du Soleil est fermé à cause de glissements du terrain sur le chemin d’accès. Il nous faudrait donc remonter depuis le village les 500 mètres de dénivelé pour y accéder et après 2 heures et demi de visite, nous sommes déjà bien fatigués et nous ne nous sentons pas capables de faire cet effort.
Nous terminons donc notre visite en profitant de l’incroyable vue sur la vallée.
Retour au camping-car qui est entouré de dizaines et de dizaines de bus et de mini-bus touristiques. Comment allons-nous faire pour sortir ? D’autant plus que les vendeurs de souvenirs et d’artisanats se sont installés tout autour de nous... jusque sous les roues avant du camping-car.
Finalement, patiemment, on y arrive et on rejoint le village de Písac, 7 kilomètres plus loin, où nous allons faire un tour au marché d’artisanat : tissages, instruments de musique, céramiques, fausses ou vraies antiquités, aquarelles... Achat de quelques souvenirs histoire d’alourdir encore un peu plus le camping-car dont les placards et la soute vont bientôt exploser !






Nous déjeunons dans un coin super sympa : au fond d’une petite cour, à l’abri de la foule des touristes, deux femmes font cuire de succulentes empanadas dans un vieux four colonial en terre, tout cela accompagné d’une bière de Cusqueña...


On se l'était promis mais nous n'avons pas réussi à manger les cuys (prononcez "Couille").

Retour au camping-car et nous prenons la route de la Vallée Sacrée en longeant sur une cinquantaine de kilomètres le río Urubamba jusqu’à Ollantaytambo, point de départ demain pour notre visite du Machu Picchu jeudi.
Visite rapide du centre car la nuit tombe. Nous prendrons le temps demain de profiter de ses ruelles escarpées.

Mercredi 11 mai :

Réveil matinal, une fois de plus. Et dire qu’Alex et mon papa pensaient venir en vacances ! Dès 7h50, nous entamons une visite guidée du plus important site archéologique de la Vallée Sacrée : Ollantaytambo. La visite guidée a certes un coût mais que nous ne regrettons pas, bien au contraire sur un site comme celui-ci. Nous serions passés en effet à côté d’un tas de détails et d’explications.
On entre dans la citadelle par deux portes monumentales, percées dans les murailles d’adobe et de pierre brute.
Nous sommes parmi les premiers visiteurs à entrer sur le site qui l’après-midi est envahi de touristes.
Nous sommes à 90 km de la capitale de l’empire Inca, Cuzco et à 2 886 mètres d’altitude. Le site constitue un parfait exemple de l’occupation urbaine Inca. Il est composé de structures architectoniques de défense, de protection, de productions agricoles et de fonctions religieuses. Le site a été habité par des civilisations pré Incas (Lare, Tampu, Wari)  mais son intégration à l’Empire Inca est attribuée à Pachacútec qui a ordonné la construction de ces édifices durant 86 ans.
Cet endroit était un lieu de passage sur le chemin de l’Inca entre Machu Picchu et Cuzco. Les voyageurs y séjournaient quelques jours avant de poursuivre leur route.
La visite commence par l’ascension des terrasses qui avaient de ce côté-ci du site un but décoratif. Elles étaient toutes plantées de Kantu, la fleur nationale du Pérou de couleur blanche, rose ou jaune et ressemblant selon Audrey au fuchsia et selon moi à des hortensias. Ces terrasses ont des murs de soutènement de 3 à 4 mètres de hauteur.



 


Après avoir récupéré notre souffle, nous arrivons au Temple de la Lune, appelé aussi « Edificio de las Hornacinas » qui est composé de 10 portes trapézoïdales et d’autant de fenêtres.




Les pierres sont remarquablement taillées et ajustées. Certaines ont encore des « bosses » qui servaient le temps de la construction, de l’assemblage, du polissage des pierres. Puis à la fin des travaux, ces pics étaient supprimés. Ceci prouve que le site d’Ollantaytambo n’a pas été achevé et qu’il était encore en travaux quand les Espagnols sont arrivés. L’édifice en question n’a pas été terminé. Sur la photo suivante, le linteau de la porte est encore au sol. De même, les murs du côté du précipice n’ont pas été édifiés.
Notre guide nous fait remarquer la technique d’assemblage de ces pierres de granit. Chacune, sur la partie intérieure, a des bosses et des creux leur permettant de s’assembler parfaitement et également de résister aux séismes. De même, les formes trapézoïdales des ouvertures ont une fonction antisismique.
Sur la photo suivante, il s’agit de la même pierre où Anaïs et Victor posent leurs doigts. Un vrai jeu de Lego.
Sur le site, on observe des constructions pré Incas qui elles ne disposaient pas de ces techniques de construction apparues seulement avec l’empereur Inca Pachacútec. On observe bien sur la photo suivante les formes rectangulaires des ouvertures.
Un peu plus haut et après avoir de nouveau récupéré notre souffle, nous arrivons au Temple du Soleil, lui également resté inachevé. Seul un mur est élevé, mais quel mur !

C’est le seul lieu Inca où il a été utilisé cette nouvelle technique de construction Inca. Six gigantesques blocs de granit rose de 6 à 7 mètres de haut pèsent chacun de 60 à 90 tonnes. Entre eux, sont posées des pierres en matériaux plus tendres servant de joints de dilatation ! Sur ces murs, ont été sculptés des symboles géométriques et des sculptures d’animaux sacrés comme le puma. On voit le symbole de la croix Andine sculpté par les ouvriers boliviens. En effet, plus de 100 000 hommes se seraient relayés par équipes pour construire ce site ; les Incas ont fait appel à la main d’œuvre des territoires conquis. Il a été retrouvé des écrits d’un chroniqueur qui racontent que ces murs étaient recouverts d’or.
Mais comment les Incas ont-ils pu transporter ici ces monolithes, géants de pierre. En effet, sur la photo suivante, on voit en haut à gauche une zone claire sur la montagne la carrière de Kachiqhata d’où était extrait le granit. Les Incas ont donc construit des pans inclinés de 5 km pour descendre de la montagne et de 6 km pour monter en haut du site après avoir traversé la rivière. D’énormes blocs sont restés en cours de transport et on en voit d’ailleurs sur la photo suivante.
Il a été retrouvé sous ces blocs de granit des rondins de bois servant au transport. Il faut imaginer qu’un cube de 30 cm de côté pèse 80 kg alors combien de tonnes pèsent ces énormes blocs !
Cela nous fait évidemment penser au transport des gigantesques Moaï de l’île de Pâques où on se posait les mêmes questions.



Sur la montagne opposée, un énorme bout de montagne a été sculpté : il a la forme du visage de Wiracocha, le Dieu Créateur.
Un peu plus haut (alors là, on n’a plus de souffle du tout !), on arrive à la zone militaire composée d’architecture austère et simple de forme rectangulaire. Il s’agit de constructions pré Incas réutilisées par les Incas en lieu de repos des militaires et lieu d’observation sur la vallée. Le lieu possède beaucoup de niches où étaient posés des objets cérémoniels.
Nous longeons à présent la colline en dominant le site le long d’un chemin étroit. Papa qui a le vertige serre les dents et ferme les yeux !
Nous observons les Colcas qui étaient des lieux de stockage des productions agricoles. En effet, les terrasses construites sur ce flanc de la montagne n’étaient pas couvertes de fleurs dans un but décoratif mais avaient un objectif de production agricole (maïs, quinoa, pommes de terre).
Ces Colcas étaient construits en adobe et pour protéger les murs des intempéries, ils étaient enduits d’un mortier fait d’un mélange d’eau, de paille et de terre additionné de graisse animale pour les rendre imperméables.
Les charpentes, pour résister au puissant vent soufflant ici étaient accrochées aux pignons par des lanières en cuirs dont celles-ci sont encore d’origine Inca.
Sur la montagne en face du site, d’autres Colcas sont construites mais de par leur exposition sur un autre versant, elles servaient de lieu de stockage réfrigéré pendant une longue période. Les nombreuses ouvertures et le vent très fréquent refroidissaient l’intérieur des entrepôts.
Nous redescendons en bas du site en ayant une belle vue sur le village d'Ollantaytambo et en longeant de nouvelles terrasses et des canaux d’irrigation.

Nous visitons divers sanctuaires religieux et de fontaines cérémoniales liées au culte de l’eau. Le « Baño de la ñusta » était le bain de la princesse. Aussi, cette fontaine n’était pas recouverte d’or (réservé aux hommes) mais d’argent (réservé aux femmes, lié au culte de la lune). On retrouve, gravée sur cet énorme bloc, la croix andine que s’étaient alors appropriée les Incas.
Une autre fontaine cérémonielle était un lieu, et est encore aujourd’hui, un lieu de sacrifice d’animaux. Lors du solstice d’hiver le 21 juin sont sacrifiés ici des lamas noirs. Ces derniers représentent la connaissance et la pureté et sont ainsi sacrés. Ils ne peuvent servir de nourriture ni de bêtes de charge.
Enfin, le Temple de l’eau qui  était un espace sacré du temps des Incas servait d’observatoire astronomique. Chaque 21 juin, les rayons du soleil levant sont parfaitement alignés avec cette fontaine. C’était alors que la saison agricole, s’étendant sur seulement 3 mois, pouvait alors commencer.
L’eau était canalisée depuis les eaux de fonte de glacier plus haut dans la montagne.
Dans les différentes niches des monuments vus ce matin, étaient entreposées des momies des personnes importantes du village auxquelles les habitants venaient faire des offrandes.
Petite pause photo avec les alpagas au pied du site. Anaïs s’approche pour la pause quand tout à coup, le si calme animal crache à sa figure. Ce n’est donc pas une légende, les camélidés du Pérou crachent !
L’après-midi, nous allons nous promener dans la partie ancienne du village d’Ollantaytambo. Comme Cuzco, la ville a été fondée sur les bases Incas. Le village présente les tracés urbains Incas les mieux conservés, des rues pavées et des canalisations d’eau qui s’écoulent encore au pied des maisons.



Il est incroyable de voir ces fondations si solides, si énormes. D’énormes blocs de granit sont posés les uns contre les autres et servent de solides bases aux murs faits de pierres assemblées de façon rustique.



Puis il est temps de rejoindre la gare d’Ollantaytambo. Après avoir laissé le camping-car qu’on espère en sécurité sur le grand parking du village, nous partons prendre le train en direction de la mythique Cité perdue de Machu Picchu !
Nous avons fait le choix, plus confortable que financier, de rejoindre le site en train. Il existe également une solution pour rejoindre Machu Picchu par la route et par la piste mais cela prend un peu plus de temps et nous oblige à faire de la piste et franchir des gués.
16h30, le train d’Inca Rail dont les billets ont été réservés 3 jours avant par internet part pour 1h40 de trajet en suivant le río Urubamba.

 Les paysages sont très jolis durant ce trajet d’environ 50 km.

On observe une fois de plus la vie des gens habitant si loin de la ville dans des endroits pas desservis par la route mais seulement par la voie ferrée. Le train s’arrête parfois pour laisser passer d’autres trains circulant en sens inverse sur cette voie unique de montagne.
Parfois il s’arrête car il tombe en panne. L’odeur de brûlé nous laisse penser que les freins du train souffrent un peu dans cette descente de plus de 1 000 mètres de dénivelé.
Finalement, après une longue attente qui nous a laissés penser que nous allions dormir dans le train, celui-ci arrive en gare de Machu Picchu Pueblo appelé aussi Aguas Calientes. Ce vilain village de montagne, qui pourrait laisser penser à une station de sport d’hiver de chez nous avec son torrent qui coule au milieu et ses restaurants, hôtels, discothèques et boutiques vendant de l’ « artisanat » plus chinois que péruvien vit exclusivement du tourisme de Machu Picchu. Il n’accueille que des visiteurs d’une ou de deux nuits venus ici faire étape avant la visite de la Cité Inca. Nuit à l’hôtel où les enfants sont ravis de partager la même chambre que papi et tonton. 

Jeudi 12 mai :

Réveil à 4h30 ce matin, on veut être parmi les premiers à entrer sur le site ! Une fois de plus, on choisit la solution pas économique (Machu Picchu est une usine à fric ! mais en même temps comment venir en Amérique du sud et au Pérou et ne pas venir voir cette Cité mystérieuse...) de prendre le bus qui nous permet de grimper de 500 mètres d’altitude et nous évite de faire 7 ou 8  kilomètres à pied. Une demi-heure plus tard et allégés de quelques dollars, nous voici au pied du site archéologique à 2 400 mètres d’altitude. Il est 6h30, on se met à la recherche d’un guide. Chose facile, ils sont des dizaines à la recherche de clients... Pas facile de trouver un guide français, ce n’est pas gênant, je servirai d’interprète à papa, Alex et aux enfants... bien qu’Anaïs ait de moins en moins besoin de traduction ; elle a fait beaucoup de progrès en compréhension et arrive à comprendre le sens des phrases.
La visite guidée nous semble être un peu au pas de course mais elle dure finalement trois heures. Elle nous permet de bien appréhender le site, les principaux monuments, et de nombreux détails auxquels nous serions passés à côté sans notre guide.  La visite guidée terminée, dès 10 heures, nous partons seuls découvrir la partie haute de la Cité et d’autres coins inexplorés avec le guide. Puis afin d’en profiter encore plus, nous partons refaire un deuxième tour de la Cité Inca, sensiblement le même que ce matin avec le guide mais cette fois-ci, en prenant le temps de faire des photos et de vraiment profiter du site qui s’est un peu vidé de ses touristes en ce milieu d’après-midi.
Nous sommes face à un témoignage majeur du savoir-faire Inca de par ces constructions architecturales qui, par sa localisation, obligea les bâtisseurs à défricher d’immenses forêts, à stabiliser des talus en pente, à drainer les eaux de pluies abondantes et à niveler les sommets. Cette œuvre architectonique est l’œuvre de l’Inca Pachacútec.
Tout d’abord, un peu d’histoire. La Cité Inca, construite à partir de 1450 avant d’être abandonnée en 1535, était composée de temples, de palais, de lieux d’adoration, de places, de rues, de chemins, de fontaines et d’environ 200 maisons qui ont dû abriter une caste exclusive de nobles et d’élus par l’Etat Inca. Mais elle possède aussi de nombreuses terrasses consacrées à l’agriculture. La ville est donc séparée en deux secteurs : l’agricole et l’urbain. La fonction du site Inca de Machu Picchu donne lieu à de nombreuses hypothèses : centre cérémoniel, citadelle, centre administratif, Accllahuasi (demeure des femmes choisies par l’Inca)...
On estime que 300 personnes vivaient à Machu Picchu mais la population pouvait atteindre 1000 personnes lorsque l’Inca résidait dans son Palais Royal.
Il n’existe pas de sources historiques qui rendent compte de l’existence de ce site et les fonctions attribuées à Machu Picchu sont les résultats des recherches et des interprétations des chercheurs. Tous les guides et les livres de voyage n’ont pas les mêmes hypothèses sur certains détails de la Cité.
La ville sacrée a été découverte en 1911 par l’explorateur américain Hiram Bingham en 1911 par hasard, alors qu’il était à la recherche du dernier bastion Inca de Vilcabamba. Ce sont des habitants de la région qui ont guidé l’explorateur sur l’existence de ces ruines au sommet de la montagne, 500 mètres plus haut que leur habitation sur les rives du río Urubamba. C’est Bingham qui a donné le nom à la Cité en empruntant tout simplement le nom du pic rocheux qui signifie « vieux sommet » en quechua.
Bon, par contre vous avec toutes ces explications, vous n’avez pas encore vu grand-chose, alors je vous emmène faire une visite guidée depuis votre canapé, de votre lit ou pour certains de votre siège de bureau !
L’arrivée sur le site à 6h45 est magique, incroyable et très émouvante. Le soleil sort de derrière les montagnes. Les nuages encerclent la Cité sans pour autant boucher la vue. Cela donne un air tellement mystérieux à cette première découverte de Machu Picchu. Quelle chance nous avons d’être ici ! Nous sommes face à d’incroyables montagnes dont le célèbre Huayna Picchu en toile de fond.






Notre visite commence par le secteur agricole, composé de nombreuses terrasses de dimensions et de formes différentes. Elles étaient évidemment cultivées mais certaines avaient un rôle de soutènement du terrain et étaient alors fleuries comme celles de l’autre versant de Machu Picchu. Un système de drainage ingénieux permettait à l’eau de s’évacuer vers le bas de la Cité. Elles étaient construites avec des murs légèrement inclinés et remplies de bas en haut de gravier, de sable et enfin de terre remontée de la vallée. Les terrasses avaient aussi une fonction thermique : la journée, elles absorbaient la chaleur du soleil qui permettait de protéger du froid les récoltes durant la nuit.
D’autres terrasses permettaient d’améliorer l’accès à certains lieux et également de favoriser des situations de défense militaire.
Afin de passer d’un niveau à l’autre, des escaliers étaient aménagés.





Les terrasses du côté du Huayna Picchu étaient des lieux de production agricole expérimentale. Sur celles-ci, des échantillons de chaque culture étaient cultivés afin de voir si les productions étaient adaptées au climat de Machu Picchu et surtout de voir quelle quantité il pouvait être cultivée ici.

Tout en haut du secteur agricole, le « Temple aux dix portes » se trouve au sud du cimetière supérieur. C’est un édifice qui aurait pu servir d’atelier textile ou potier. Une autre hypothèse avance qu’il s’agissait d’une caserne ou d’une auberge.
De là, une vue d’ensemble sur l’autre versant s’offre à nous.


A côté, se dresse le « Poste de surveillance » qui se trouve sur l’une des parties les plus hautes de la ville. Il contrôle deux de ses accès, situés sur le chemin de l’Inca.


Une étonnante roche taillée, la « Roche Funéraire » se trouve dans le Cimetière Supérieur. Elle aurait pu servir à des sacrifices d’humains ou d’animaux ou bien à embaumer des cadavres.
Au niveau des terrasses, se trouve 7 constructions de tailles différentes. Il s’agissait des « Colcas » ou lieu de stockage de produits agricoles.

Le secteur agricole est séparé du secteur urbain par le « Fossé sec », une large tranchée.
On voit sur la photo suivante les deux secteurs différents.
Voici quelques photos de l’espace urbain.



L’entrée au secteur urbain se fait par la « Porte de la Cité ».

On observe son intéressant système de fermeture ou des trous et des anneaux taillés dans la pierre servaient à maintenir une porte en bois.

On accède à un ensemble d’habitations dont toutes les ouvertures sont orientées vers le soleil levant. Ces habitations disposées sur 5 niveaux servaient d’ateliers et de dépôts. Elles avaient un étage servant au stockage.

Nous traversons la carrière du site. Les Incas n’ont pas eu à transporter les pierres de loin mais n’ont eu qu’à tailler les roches présentes sur ce sommet rocheux granitique. Ils n’avaient pour simples outils que des pierres d’hématite (contenant du fer) et quelques outils en bronze.


Afin de casser les pierres, les Incas se servaient des failles naturelles des rochers. Ils faisaient des trous dans ces fissures, y inséraient du bois qui gonflait à force de le mouiller. La pierre se cassait alors sous la pression du bois.
Nous arrivons dans le quartier du Soleil. Le « Temple du Soleil », lieu sacré, était une grosse tour semi-circulaire édifiée sur une grande roche naturelle parfaitement polie.
Les murs du Temple en pierres de granit assemblées au millimètre près sont remarquables par leurs finitions. L’une des fenêtres pointe vers l’Orient où les rayons du soleil levant le 21 juin (solstice d’hiver) pénètrent exactement vers l’intérieur du Temple. L’autre fenêtre est orientée vers le soleil levant le jour du solstice d’été le 21 décembre. Toutes les constructions de Machu Picchu ont leurs ouvertures (portes et fenêtres) et les niches de forme trapézoïdales de même que les murs inclinés vers l’intérieur des bâtiments de façon à créer des constructions antisismiques. 
Sous le Temple du Soleil, on trouve la « Tombe Royale ». Bingham a trouvé dans ce mausolée les restes de l’enterrement du plus important personnage de Machu Picchu. La tombe est construite par un assemblage remarquable de pierres aux finitions parfaites et incroyablement ajustées au rocher. 
Sur la gauche du Temple, la « Demeure de la ñusta » ou « Palais de la Vierge » est un autre bâtiment aux finitions parfaites. Seuls les Palais et Temples sont ainsi construits. Les autres bâtiments sont construits de façon rustique en utilisant du mortier (arcilla) afin de combler les espaces entre les pierres. La connexion de cet édifice avec le Temple du Soleil fait supposer que la princesse ou élu de l’Inca devait y avoir ses habitations.
Autour de ces bâtiments, nous voyons de nombreuses « fontaines liturgiques ». Elles n’auraient pas eu pour fonction principale d’alimenter la Cité en eau mais leur usage était plus lié au culte à l’eau. Il en existe 16 dans la Cité reliées par des canaux taillés dans la roche. La fontaine principale est la plus importante et a aussi des finitions remarquables. L’eau est canalisée depuis la source de la montagne Machu Picchu sur plus d’un kilomètre.


De nombreuses marches d’escaliers sur tout le site ont en effet été sculptées à même le rocher.

Machu Picchu nécessite de l’entretien et de nombreux ouvriers travaillent à restaurer les murs des constructions les plus rustiques. Des archéologues font également des travaux de recherche.

Le « Palais Royal » est remarquable par la finesse du travail d’assemblage de ses pierres. C’est là que logeait l’Inca. Il est composé de 4 habitations autour d’un patio et d’une cour privée.


Nous arrivons sur le lieu le plus important de la Cité mystérieuse. La « Place Sacrée » est entourée de temples. Les cérémonies et les principaux rites ont dû y avoir lieu car tous les édifices aux alentours ont un caractère rituel. C’était le lieu privilégié des réunions publiques de célébration.
Au milieu de la place, une étrange pierre a la forme de la constellation de la Croix du Sud. Taillée comme un losange, elle pointe vers les étoiles de cette constellation et indique les 4 points cardinaux.
Le « Temple des 3 fenêtres » n’a que 3 côtés. Sa façade a 3 impressionnantes fenêtres trapézoïdales qui font face au lever du soleil. Toute l’enceinte est en pierre finement façonnée et qui s’encastrent parfaitement sans nécessité d’un mortier.




Le « Temple de l’autel sacré » ne possède aussi que trois murs. Il est ouvert sur la place sacrée.
Les murs intérieurs possèdent des niches remarquables.
Au pied du mur du fond, une grande roche a été façonnée et servait d’autel.
Ce mur s’est affaissé certainement à cause d’une secousse sismique. Les énormes pierres des pignons n’ont pas été emmenées ici. Les Incas ont taillé puis poli le rocher pour les pierres d’angles et ont comblé l’espace entre ces énormes blocs taillés de pierres plus petites ramenées de la carrière toute proche.

La « Maison du Prêtre » était le lieu où vivait celui qui dirigeait les cérémonies sur la place.
La « Chambre des Ornements » est contigüe au Temple principal. Elle est aussi un remarquable exemple d’architecture Inca avec des pierres incroyablement ajustées.


Ces fondations en demi-lune (à droite sur la photo suivante) auraient pu être les fondations du « Temple de la Lune » qui n’a jamais été construit. Les archéologues supposent que l’énorme bloc au milieu de la place sacrée aurait pu servir à édifier ce temple.
Nous arrivons à l’ « Intihuatana » qui couronne la plus haute partie du secteur urbain. Il est au sommet d’une pyramide irrégulière qui a été construite en suivant la formation naturelle du terrain. Le mot Intihuatana signifie « lieu où s’attache le soleil ». Il s’agissait donc d’un lieu rituel où les Incas menaient des festivités liées au soleil le jour le plus court de l’année (solstice d’hiver). Une pierre mystérieuse de forme triangulaire taillée dans la roche laisse passer seulement le 21 juin une portion de lumière grâce à sa parfaite position par rapport au soleil. Le faisceau se projette sur la roche du côté ouest. Les ombres projetées à différents moments de la journée et de l’année signaleraient les heures et les saisons.

La « Place Principale » de la Cité est le lieu où les habitants se réunissaient pour les cérémonies comme en témoignent les restes de céramiques et d’aliments retrouvés sur le site par les archéologues. Ce lieu servait également au séchage des récoltes agricoles, à l’élaboration des textiles...

L’ « Accllahuasi » a également des fondations remarquablement assemblées. Ce lieu était occupé par des jeunes filles choisies dès l’âge de 9 ou 10 ans pour apprendre à réaliser les plus fins objets liés aux cultes comme les tissages. Ces vierges participaient aux cérémonies et certaines pouvaient être choisies par l’Inca.

Tout au long de la journée, nous profitons de l’exceptionnel cadre montagneux dans lequel nous nous situons. Tout au long de notre visite, le guide nous a expliqué comment et pourquoi ce site avait été construit, mais ça nous semble toujours aussi extraordinaire !


Le « Temple du Condor » est semblable à un condor aux ailes déployées. Il pourrait avoir été un temple pour son adoration mais certains scientifiques pensent que ce lieu aurait pu être également les prisons de la Cité. Face à la formation rocheuse, il y a une cour sur laquelle repose une roche taillée en forme de tête de condor.



Dans la partie inférieure de la construction, se trouveraient les cachots. Dans la partie supérieure de l’édifice, des niches auraient servi de cellules de réclusion mais certains scientifiques pensent plutôt qu’on exhibait ici les momies avant leur enterrement. Cet espace aurait été dédié à l’adoration et à la célébration des ancêtres.
Le « quartier industriel » est un groupe d’édifices dont dans l’une des enceintes, il a été retrouvé une roche taillée en forme de mortier qui aurait pu servir à des potiers.



Là également, d’autres spécialistes voient dans cette roche taillée un miroir astronomique où les étoiles se reflétaient dans l’eau.

Le « secteur oriental urbain » est composé de constructions de moindre qualité à des fins utilitaires. Il s’agissait de la zone destinée aux serviteurs.
Un lieu cérémoniel est représenté par des roches taillées.
Tout au bout de Machu Picchu, nous arrivons sur une place rectangulaire où il y a deux bâtiments ouverts sur cette place. Ce sont deux « Huayranas » ou enceintes qui auraient pu être des lieux de repos.
 
On observe les détails de la charpente qui était accrochée par des lanières en cuir à de grosses pierres sortant des pignons.
Au bout de la place, une grande roche repose sur un socle. C’est la « Roche Sacrée » qui est façonnée à l’image de la montagne Yanantin en arrière plan.

Audrey et son grand petit frère partent le long du chemin de l’Inca, en direction de l’ « Inti Punku » (la Porte du Soleil) qui offre un joli point de vue sur la Cité. On se rend bien compte que les terrasses descendent en direction du lit de la rivière. Un immense espace reste à défricher et à fouiller.



Les ruines d’un temple se dressent sur le chemin.
Anaïs et Victor sont ravis de leur journée à Machu Picchu.


Et leur papi est tout autant ravi !

De mon côte, avec Alex et Anaïs, nous partons sur le chemin de l’Inca en direction du « Pont de l’Inca ». Il aurait été construit pour assurer la sécurité de la Cité car le chemin s’interrompt dans l’abîme et il ne reprend qu’après ce pont.

Nous profitons d’une vue sur la vallée, le río Urubamba et la ville de Hydro Electrica, quelques 500 mètres plus bas.

De partout sur le site, nous voyons la montagne du Huayna Picchu en haut duquel les Incas ont également construit édifices et terrasses. L’ascension à pied est possible à condition d’y consacrer plus de 3 heures aller-retour et de réserver son billet 1 mois à l’avance car l’accès est limité à 400 personnes par jour.

Le site sacré se trouve au milieu d’une végétation très dense, quasi tropicale. La forêt Amazonienne n’est qu’à quelques kilomètres. Je ne peux pas vous dire le nom des fleurs mais je crois avoir entendu Audrey parler d’orchidées.




Un jardin botanique est entretenu sur le site avec des essences de plantes et d’arbres fruitiers de l’époque Inca.


La faune n’est certainement pas loin mais les 2500 visiteurs quotidiens la font évidemment fuir. Nous ne verrons que des lamas et alpagas broutant l’herbe rase des terrasses qui sont là pour la pause photo mais aussi ce sauvage Vizcacha, sorte de gros lapin avec une grande queue d’écureuil et de petites oreilles qui trône en haut d’un rocher de la carrière.
Bon, il est 16 heures et cela fait quasiment 10 heures que nous crapahutons dans les ruines... Quelle chance nous avons eue comparé aux tours opérateurs qui n’y consacrent que 2 à 3 heures de visite ! Nous sommes tous bien fatigués de cette incroyable journée qui restera l’une des plus belles de notre voyage. Oui, je sais je vous ai déjà dit ça... mais Machu Picchu était très attendu. Nous avons eu la chance de vivre cette journée avec papa et Alex et nous avons eu l’énorme chance de passer la journée sous un soleil radieux. Les minces nuages de ce matin sur l’arrivée sur le site rendaient encore plus magique la découverte de cette Cité perdue de Machu Picchu. Bref, vous l’aurez compris, c’était EXTRAORDINAIRE, MAGIQUE...
Retour en bus au village d’Aguas Calientes pour passer une deuxième nuit à l’hôtel car le prix du train du soir était vraiment irraisonnable et la différence avec le train de demain matin nous payait très largement une deuxième nuit à l’hôtel. De plus, nous avions prévu d’aller nous détendre dans les eaux sulfureuses des thermes de la ville mais nous sommes vraiment trop fatigués alors repos et dodo. A 20 heures, tout le monde ronfle !


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Pérou du 3 au 9 mai : Nasca, Cuzco

Pérou du 26 avril au 2 mai : Lima, Paracas


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