Photo Alpagas

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lundi 14 décembre 2015

Chili du 2 au 9 décembre : parc national Vicente Pérez Rosales, parc national Huerquehue, Pucón, Mines Chiflón del Diablo, Cocholgüe


1 318 kilomètres parcourus du 2 au 9 décembre
14 769 kilomètres parcourus depuis le départ



Mercredi 2 décembre :

Nous avons passé notre dernière nuit sur l’île de Chiloé sur notre joli bivouac sur les hauteurs de la ville d’Ancud en compagnie des voyageurs bretons Alex, JB et leurs 3 enfants. Nous nous disons au revoir sachant que nos parcours seront amenés à se recroiser.
Ravitaillement en eau et gasoil avant de rejoindre l’embarcadère où nous arrivons rapidement. Quelques dernières places restent sur le ferry qui part aussitôt.
Nous montons sur le pont pour tenter d’observer la faune marine et nous allons être servi : lions de mer, dauphins (un peu loin)...

...et surtout un énorme poisson-lune. Il s’agit du plus gros poisson à squelette osseux et il pèse une tonne ! Son nom scientifique est le Mola Mola !
Nous quittons l’autoroute un peu après Puerto Montt pour emprunter la route qui contourne le lago Llanquihue. Cette dernière est superbe, et nous nous approchons du volcan Calbuco (2015 mètres). Il fait partie des 2800 volcans de la région mais des 90 volcans les plus dangereux du Chili.
C’est ici que la plaque océanique de Nazca glisse sous la plaque continentale sud-américaine engendrant la formation d’une chambre volcanique immense dont les volcans sont les soupapes.

Le Calbuco est d’ailleurs en éruption depuis le 22 avril 2015. Il a brusquement craché ses cendres sans signe avant-coureur alors qu’il était endormi depuis 1972. À ce jour, nous ne voyons plus de lave, ni de projection de cendres mais simplement des fumerolles blanches sortir de son cratère. Par contre, les bas-côtés des routes, les jardins des maisons sont recouverts d’une bonne couche de cendres volcaniques. D’énormes tas rassemblés au tractopelle sont sur les bords de route.

Puis, une vue encore plus impressionnante s’offre à nous sur le volcan Osorno (2652 mètres). Sa dernière éruption remonte à 1869. C’est pourtant le plus actif du sud des Andes chiliennes. 
 

Nous entrons dans le parc national Vicente Pérez Rosales et commençons la route qui monte à ce volcan. Il nous a été déconseillé par d’autres voyageurs de monter au parking de la station de ski mais de nous limiter au premier parking qui offre déjà un joli point de vue sur ce cône parfait recouvert d’une épaisse couche de neige. En effet, la pente est tellement prononcée que d’autres camping-cars ont eu du mal avec le freinage.
Rapidement, le camping-car arrive à ce premier belvédère d’où nous profitons d’une magnifique vue sur l’Osorno. Le parking est recouvert de cendres de l’éruption récente du volcan Calbuco voisin.

Puis arrive le moment de repartir et de parcourir la descente longue d’à peine 6 km mais avec une pente continue à 10%.
Et malgré toutes les précautions prises, le poids du véhicule ne me permet pas de me servir uniquement du frein moteur. Je dois donc faire une pause à mi-parcours pour faire refroidir les freins qui sentent bien le chaud... qu’est-ce que ça va être lorsqu’on descendra des cols à 5000 mètres d’altitude !
Arrivés en bas, près du lac Llanquihue, nous empruntons un petit sentier menant à la mignonne laguna verde.

Puis, une jolie vue sur le lac Llanquihue nous invite à nous poser quelques instants.

Nous reprenons la route en longeant la rive nord du lac et roulons jusqu’à la ville d’Osorno où une bruyante station-service nous offrira le wifi pour la mise à jour du site et converser par Skype avec famille et collègues.
Alors que nous sommes couchés depuis un moment, un employé frappe à la porte nous demandant de changer de place car nous sommes garés là où il voulait se stationner. Je lui réponds gentiment que les enfants dorment et qu’on verra ça demain matin !

Jeudi 3 décembre : 

La matinée se passe donc entre école et internet. J’apprécie également de pouvoir sauvegarder régulièrement mes photos sur Picasa. C’est rassurant pour nous de savoir que tous ces fabuleux souvenirs de voyage ne risquent pas de s’envoler au premier cambriolage du camping-car.
En début d’après-midi, nous roulons sur la Panaméricaine (ruta 5). Il s’agit d’une voie rapide qui traverse les Amériques du Sud au Nord (excepté le bouchon du Darién représentant 60 km entre la Colombie et le Panama où il n’existe pas de route reliant l’Amérique centrale à l’Amérique du sud). La vía Panam relie donc l’Alaska au sud de l’île de Chiloé où nous étions la semaine dernière.
Un arrêt s’impose sur le bord de la route à l’Hostería Los Recuerdos devant laquelle sont garés un tas de souvenirs bien rouillés : matériels agricoles, machines à vapeur et autres vieilles voitures (Chevrolet, Ford, Citroën...).
 



Mes amis deuchistes apprécieront ce modèle Citroneta construit au Chili entre 1959 et 1970. Plus d'infos pour les passionnés ici.
Nous quittons cette Ruta 5 après Loncoche et nous dirigeons vers la région de Pucón. La route longe le Lago Villarica qui malheureusement est caché derrière de somptueuses propriétés gardées par des vigiles. Il y a aussi de nombreuses résidences privées elles aussi avec des postes de sécurité et barrières à franchir... Le secteur vit un incroyable boom immobilier de luxe et des constructions incroyables sortent de terre de partout.
Nous sommes venus dans la région pour ses parcs nationaux et notamment celui du Villarrica qui aujourd’hui a la tête dans les nuages... mais le beau temps est annoncé pour demain.
Après quelques courses dans la station balnéaire très touristique de Pucón, nous allons chercher des infos à l’office de tourisme sur les sentiers de rando. Le secteur est considéré comme l’un des plus touristiques du pays. La ville de Pucón ne nous séduit pas tellement. Comme d’autres villes, telles Puerto Madryn, Puerto Natales ou encore El Calafate, elle est envahie d’agences de tourisme et d’excursions spécialisées ici dans les sports de pleine nature pour les touristes en quête des rivières tumultueuses, des volcans aux neiges éternelles, de boites de nuit et de casinos... Heureusement, les grandes vacances estivales ne sont pas encore commencées ici. Il faut attendre Noël pour avoir les 2 mois de vacances. C’est d’ailleurs étonnant de voir dans les rayons de magasins les guirlandes de Noël à côté des jeux de plage...
La ville vit ici, en ayant toujours un œil sur le volcan Villarrica non loin de là. Feu tricolore d’alerte et chemins d’évacuation sont là pour alerter la population.

La dernière éruption remonte au mois de mars 2015 et 3000 personnes avaient été évacuées. Ce volcan considéré comme violent, fait partie des trois plus grands stratovolcans (volcan dont la structure est composée de l'accumulation de coulées de lave et prenant une forme régulière conique) de la chaîne andine. Chaque jour, il crache fumée, lave et cendres en menaçant la ville de Pucón.
Retour au grand parking du supermarché où nous décidons de passer la nuit en nous reculant dans un petit coin.
Minuit passé d’une demi-heure, on frappe à la porte et le vigile du supermarché nous demande de partir car s’il y a un problème avec notre camping-car, il risque d’avoir des problèmes... sauf si on accepte de lui donner 10000 pesos auquel cas il acceptera et n’aura bizarrement plus de problème. La négociation du haut de ma fenêtre de ma capucine ne porte pas ses fruits et nous devons déménager à cause de ce type corrompu. Nous nous posons une rue plus loin sans que les enfants se rendent compte que nous roulons.

Vendredi 4 décembre :

Après l’école, nous partons en direction du parc national Huerquehue.
Les derniers 13 km empruntent une piste de ripio en lacets dans la montagne mais ça passe. Petit stress quand sur cette piste étroite, un bus arrive en sens inverse mais, en laissant tout au plus 5 centimètres entre les 2 véhicules, nous arrivons à nous croiser.

14h, bien chaussés avec nos nouvelles chaussures de rando, bien équipés avec plusieurs litres d’eau pour faire face à la température supérieure à 25°, nous partons faire le circuit des lacs qui fait 12 km avec un dénivelé positif d’environ 600 mètres.
Ce parc renferme une vingtaine de lagunes et traverse de superbes et sauvages paysages. Les forêts sont très fournies et les arbres d’une taille impressionnante.
Le premier point de vue nous offre déjà une incroyable vue dégagée sur le lac Caburgua au bord duquel nous avons laissé notre camping-car. En toile de fond, le majestueux volcan Villaricca (2847m) qui crache encore des fumerolles de son cratère de 200 mètres de diamètre rempli de lave bouillonnante.

Un peu plus haut, même point de vue mais encore plus beau.

Sur le sentier, la faune rencontrée n’est pas de taille impressionnante mais très colorée pour certaines espèces.

Victor nous dit : "j'ai failli mettre mon pied sur une araignée, elle est grosse !" Nous le rejoignons et découvrons une araignée trapue et velue de 15 cm appelée « petit poulet », c’est le garde forestier de la Conaf à qui nous avons montré la photo qui nous a donné son nom ! Son vrai nom est la mygale rose du Chili... mais rassurez-vous, elle est inoffensive...
Puis au  prix de gros efforts lors d'une raide montée, nous arrivons au lac Chico avec ses eaux incroyablement limpides.

Il est entouré d’une végétation très dense et très variée, notamment de ces nombreux Chusquea, ou bambou du Chili.
Il y a également de majestueux araucarias, cet arbre préhistorique qui, avec les dinosaures, peuplait déjà les forêts voici 225 millions d’années à l’époque où l’Amérique du sud était encore collée à l’Afrique. Son espèce n’a pas évolué depuis.

De ce premier lac, nous accédons ensuite à la lagune Toro. Même décor, toujours aussi sublime... avec des enfants sublimes !


Enfin, nous arrivons au troisième lac de notre rando, la lagune Verde avec ses eaux... vertes.
La plage nous invite évidemment à aller faire trempette pour refaire un plein d’énergie avant d’entamer le retour car il commence à se faire tard. Heureusement, la nuit ne tombe que vers 21h30.

Au cours de la descente par le même chemin, nous voyons le Villarrica entièrement dégagé.
Puis, nous faisons un petit détour vers la cascade Trafulco.
Mais comment font-ils pour avoir encore autant d’énergie après une grande rando ?
Le dernier kilomètre de la rando, et pas des plus agréables car il emprunte une piste, se fera dans la benne d’un 4x4 auprès duquel j’ai tendu mon pouce... pour le plus grand plaisir des enfants et de nos jambes...

Nous bivouaquons sur le parking de l’entrée du site et la nuit sera bien calme. Juste le chant des oiseaux qui nous réveillera au petit matin.

Samedi 5 décembre :

Les enfants commencent de plus en plus à parler de Noël qui approche. Ils ont commencé à écrire leur lettre au Père Noël, à décorer le camping-car et sont déjà impatients d’ouvrir leurs cadeaux. Espérons juste que les lutins nous trouveront car nous ne savons pas déjà dire quel sera notre lieu de bivouac le 24 décembre...
Après l’école, la récré se passe aujourd’hui sur la petite plage du lac Caburgua et ses eaux minérales à 22°. Incroyablement limpide, ce lac est né d’une coulée de lave qui empêcha l’écoulement des eaux du río créant ainsi cette grande retenue d’eau.
Puis il est temps de reprendre la stressante descente de 13 km. Stressante au sens qu’il ne faut pas croiser un des nombreux bus qui montent dans le parc national car la piste fait la largeur d’un bus ou du camping-car si vous préférez...
Par chance, les 6 km critiques se passeront sans avoir croisé personne.
Puis, soulagés, nous préparons le pique-nique que nous allons prendre quelques kilomètres plus loin sur la playa blanca du lac Villarrica. Cette petite crique nous retiendra quelques temps sous un soleil cuisant et pas loin de 30°. Ça y est, l’été arrive ! Évidemment, les châteaux de sable et la baignade s’imposent dans cette eau transparente mais un peu fraiche tout de même.
Toujours quelques km plus loin, nous nous arrêtons à Los Ojos de Caburgua (en y accédant par l’ouest, plus jolie vue).
Une rivière souterraine prenant sa source dans le lac où nous étions auparavant, ressort à cet endroit en formant un grand puits naturel, enfoui dans la forêt. L’eau a une couleur bleu vert et se réchauffe de 5 à 8° durant son trajet sous terre.
C’est bien dommage que la baignade y soit interdite... Nous apprécions de pouvoir descendre grâce à un réseau de passerelles en bois au cœur de ces « yeux », où la fraicheur des embruns nous change de la chaleur du reste de la journée.
Nous continuons sur un enchevêtrement de racines, notre parcours vers l’isla Mardey dey mar qui longe vers l’aval le río. La forêt d’arrayanes est très jolie.


Un peu plus loin, un sentier nous mène à un belvédère d’où nous surplombons un petit gouffre, la laguna azul.

Pendant que les enfants gambadent dehors et dessinent sur une table de pique-nique, nous étudions la suite du parcours en tentant de tracer les grandes lignes semaine par semaine car nous allons recevoir de la famille et on l’espère des amis (n’est-ce pas les caribous ?). Nous avons donc besoin de savoir où et quand nous serons approximativement. Nous étalons les cartes et les guides touristiques et calculons l’itinéraire des quelques milliers de km qu’il nous reste à parcourir.
Nous tentons de bivouaquer sur le grand parking à quelques mètres de ces chutes d’eau en espérant que personne ne vienne nous déloger, car nous sommes sur un endroit privé fermé par une barrière la nuit. On verra bien.

Dimanche 6 décembre :

Et bien, on a vu... ou plutôt, on a entendu... frapper à la porte alors que nous étions au lit... Un monsieur sorti d’on ne sait où, nous réclame de payer de nouveau une deuxième journée d’entrée sur le site si nous voulons rester dormir ici. Je négocie les 4000 pesos à 3000 pesos, ce qui fait à peine 4€. Cela nous permet surtout de ne pas avoir à bouger mais c’est toujours agaçant de payer pour bivouaquer. Je n’aime pas ça. Grrrrr... Mais bon, pour l’instant, on ne s’en sort pas trop mal. Depuis le début du voyage, nous n’avons fait qu’une seule nuit de camping à Valdés (là où on a failli mettre le feu au camping-car à cause... du camping !) et nous avons payé quelques pesos pour un parking de station dans la province de l’Entre Rios en Argentine.
De bon matin, je descends profiter seul (les enfants travaillent, les touristes ne sont pas encore là...) de nouveau de ces cascades dont le bruit a bercé notre sommeil toute la nuit. Le site est toujours aussi merveilleux mais les rayons du soleil sont aujourd’hui cachés par les nuages et n’atteignent pas les bassins.
Je reviens sur mon PC dans ma capucine. Petit manque de concentration pour les enfants qui sortent en récré et redescendent avec Mamantresse aux cascades. Pas mal la récré ?
L’école reprend.

Nous quittons après manger ce petit coin très sympa en direction du bout de l’asphalte de la route qui longe le río Liucura. Nous arrivons aux thermes Las Pozones.
Dans un cadre enchanteur, au fond d’une verte vallée, 5 bassins naturels sont alimentés par des sources d’eau chaude.

Nous profitons de la beauté de la nature et de celle de nos enfants barbotant dans l’eau de bassin en bassin. La température selon les pozones varie de 36° à 46°.

Il y en a même un alimenté par l’eau à 18° de la rivière voisine. Mais cela fait quand même du bien après avoir trempé 10 minutes à 46° !
Et puis, nous profitons de pouvoir plonger dans le río.

En fin d’après-midi, retour sur Pucón dans une rue chic devant un hôtel qui nous donne accès au wifi. Autour de nous, les véhicules ne sont que grosses berlines et gros 4x4 à 6, 8 ou 10 cylindres...


Lundi 7 décembre :

De nouveau, nous passons quelques heures sur internet pour préparer la suite du voyage et notamment la partie de la Bolivie où Liliane et Daniel, parents d’Audrey, nous rejoindront pour 3 semaines. Nous n’avions pas encore bien étudié cette partie du voyage et à la lecture des blogs d’autres voyageurs, nous nous rendons compte que nous n’avions pas prévu d’y passer assez de temps. Tous les voyageurs sont unanimes pour dire que la Bolivie reste l'un des meilleurs souvenirs d’Amérique du Sud.
Nous quittons Pucón et nous arrêtons au marché artisanal de Villarrica faire quelques petits achats. Il y a beaucoup d’objets travaillés en bois, en laine par le peuple mapuche encore très présent dans la région.
Près de ce marché, une reconstitution d’habitat traditionnel des populations mapuches attire notre attention.

Au moment de partir, arrive face à nous un cycliste qui nous fait des grands signes. C’est David, le voyageur breton avec qui nous avions passé un bon moment à Ancud sur l’île de Chiloé. Nous échangeons rapidement quelques petits bons plans.
Puis, nous roulons sur la panaméricaine, cette longue autoroute qui traverse les Amériques. Quelques péages réguliers à 2200 pesos ponctuent la circulation. C’est presque 2 fois plus cher pour les camping-cars à roues jumelées. Voici enfin un avantage d’être en roues simples !
Les régions s’enchaînent. Nous passons de la n°9 à la n°8 (la plus pauvre du Chili). Ils s’embêtent moins que chez nous à trouver les noms de régions. Elles s’appellent aussi respectivement Araucanie et Bío-Bío.
Les villes aussi s’enchainent le long de la Panam’ : Los Angeles, Santa Barbara... Aurai-je loupé quelques sorties d’autoroute et serais-je déjà dans l’ouest américain ?
Nous ne voyons plus la Cordillère des Andes. L’altitude varie entre 100 et 200 mètres. Les paysages ressemblent beaucoup à ceux de chez nous. Quelques forêts de résineux, quelques cultures dans les champs.
Nous croisons d’énormes et très longs (parfois plus de 22 mètres) camions pour mon plus grand plaisir et celui de mon fils.
Puis, un peu de jalousie nous envahit en voyant cet engin dans lequel on aurait eu un peu plus de place ! et puis les enfants auraient eu une chambre rien que pour eux en plus !
Par contre, la vigilance s’impose pour éviter les piétons, les enfants qui traversent les 4 voies de circulation et le terre-plein central, les vélos à contre-sens, les chevaux attelés d’une charrette... Sur le bord de la route, il y a des dizaines de marchands de fromage, de miel à des prix plus que raisonnables. Le kg de fromage est 3 à 4 fois moins cher et surtout bien meilleur qu’en Argentine.
Pendant que j’enfile les km, Audrey prépare des sandwiches aux enfants qui adorent pique-niquer pendant qu’on roule. Ceci nous permet de faire pendant ce temps quelques dizaines de km en plus. Nous bivouaquons sur le parking d’une station Shell assez au calme.

Mardi 8 décembre :

Nous continuons notre ruta 5 et la quittons pour nous approcher du Pacifique. Nous traversons la deuxième ville du pays, Concepción qui fut ravagée par un séisme et un puissant tsunami ayant fait des centaines de victimes et de disparus en 2010. Puis nous longeons la côte vers le sud jusqu’à la ville de Lota et plus précisément à Lota Alto, où se concentrait l’activité minière de la ville.
C’est ici que nous allons visiter la mine Chiflón del Diablo, exploitée de 1884 à 1976.
Nous sommes pris en charge par d’anciens mineurs qui se distribuent les tâches de parking, caissier, agent de sécurité, visite... Certains, peut-être nostalgiques de ce passé, semblent s’inventer des tâches et errent sur le site.
La mine se situe en dessous du niveau de la mer et des eaux du golfe de Arauco. Nous descendons de 25 mètres par un ascenseur d’un autre âge (une sorte de cage métallique accrochée à un câble).
Nous parcourons, à la seule lumière de nos frontales, quelques centaines de mètres de galeries taillées à même le charbon et étayées pas des troncs d’eucalyptus.


Certains passages ne font pas plus d’un mètre de hauteur.
Nous prenons conscience et tentons d’expliquer à Anaïs et Victor la dure réalité du difficile travail des 1500 mineurs qui quotidiennement extrayaient 250  tonnes de charbon dans des conditions humainement insoutenables, à la force de leurs bras, sans beaucoup d’outils, sans masque, pour certains sans chaussures, sans casque... Les plus jeunes travailleurs étaient plus jeunes qu’Anaïs. Les mineurs étaient aidés par des chevaux avant l’arrivée des rails au fond de la mine.
Quelques anecdotes, parfois dramatiques sont relatées par notre guide, ayant travaillé 9 ans dans ces galeries. La visite et les explications sont émouvantes. L’ancien mineur à la recherche du charbon, son or noir, vit avec passion sa nouvelle activité de guide. Il s’adresse surtout à Audrey à qui il a demandé quel était son métier en France. Aussi, il lui demande de retransmettre à ses élèves ce qu’elle aura vécu ici.
Durant quelques minutes, il casse grâce à un bout de bois, des morceaux de charbon, en chantonnant un petit air, certainement à la manière des anciens mineurs. Moment émouvant.
A la fin de cette riche visite des entrailles de la terre, nous avons accès aux vestiaires, aux ateliers avec toutes les machines outils qui se sont arrêtées de fonctionner en 1976 lorsque la mine n’était plus rentable après un siècle d'exploitation.

Enfin, nous visitons une reconstitution d’un village de mineurs, créée pour les besoins du tournage du film « Subterra », le « Germinal » local.





Plus loin dans la ville, nous voyons les vraies maisons de mineurs bien alignées dans les rues, telles que nous pouvons les voir dans le nord de la France sauf qu’ici, elles sont en bois !
Plein de gazole. Au Chili, il n’y a qu’une seule qualité actuellement à 500 pesos, soit environ 0,65€ le litre. Et plus on monte, moins c’est cher ! Alors qu’en Argentine, plus on descendait vers la Patagonie, moins c’était cher. Au fait, vous avez certainement remarqué que je ne vous parle plus du vent qui nous avait tellement embêté en Patagonie. Celui-ci s’est brusquement arrêté dès que nous sommes passés au nord du 45ème parallèle au niveau d'Esquel. Finies les consos à 15 ou 16 litres. Elles redeviennent normales à 12 ou 13 litres aux 100 km.
Il est un peu tard pour visiter le parc de la ville. Aussi, nous dormons ce soir devant son entrée et celle du musée voisin où les gardiens et agents de sécurité, qui sont d’anciens mineurs, viennent nous voir pour nous accueillir, nous proposer l’accès aux toilettes et surtout nous disant qu’ils vont veiller sur nous toute la nuit...

Mercredi 9 décembre :

Visite du parc botanique Isidora Cousiño, le parc de la ville de Lota. Il contient de nombreux arbres centenaires importés de différentes parties du monde. De nombreuses statues et sculptures sont d’origine française.

Dommage que de vieux bâtiments soient à l’état d’abandon, tels la serre ou bien la maison du gardien.

Depuis le bout du parc, superbe vue sur le Pacifique.



Nous avons également un point de vue sur les terrils de la mine toute proche.
Après manger, nous visitons le museo histórico de Lota. Il est logé dans une belle demeure en bois du 19ème siècle un peu aussi défraichie. Elle a appartenu au premier propriétaire de la mine.
Le musée n’est pas exceptionnel mais abrite quelques jolies pièces : mobilier, maquettes, pièce d’argenterie et de porcelaines, photos de l’histoire de la ville... Des photos et instruments de musique  mettent en valeur la vie sociale du village de mineurs, avec son théâtre, sa fanfare, son école...
Une petite partie est consacrée à la mine et nous voyons quelques photos de mineurs et quelques-uns de leurs outils et des maigres protections qu’ils avaient pour travailler.

Enfin, avant de quitter la ville, nous visitons son église qui abrite dans une chapelle la tombe du propriétaire de la mine. La population vénère cet homme et lui exprime ici toute sa gratitude.

Nous roulons vers le nord, retraversons la ville ultra-industrielle de Concepción et allons quelques dizaines de km plus haut jusqu’au petit village de pêcheurs de  Cocholgüe.
Il est séparé en deux par une grande masse rocheuse (refuge en cas de tsunami). Un côté est plus résidentiel. L’autre est un village de pêcheurs.
Les maisons, les barques, les escaliers sont colorés. Les filets de pêche et les vêtements sèchent au vent marin. Ça sent le poisson et les algues. Bref, un joli village de pêcheurs.





Le niveau de vie n’est pas très élevé ici. Les habitants vivent de la pêche et du ramassage d’algues qu’ils font sécher sur la route avant de les conditionner dans des gros sacs. Un camion est stationné dans la rue et les habitants font la queue pour y vendre leur récolte.

Les enfants ont envie de jouer sur la plage. Nous, avec cette chaleur, il nous faut nous hydrater. Nous passons devant un bar. Une affiche avec une bouteille de bière vante « 1.2 litro : 1800 pesos ». Je propose à Audrey de partager ½ litre à 2. Mais en fait, on nous apporte une bouteille d’1,2 litre ! et pas ½ litre. Du coup, ça va faire un peu beaucoup à deux car je conduis après.

Petites courses d’appoint à l’épicerie du coin qui vend plus de sodas qu’autre chose.
Nous reprenons la route pour remonter en direction de la capitale Santiago. Quelques dessins animés et heures de conduite plus tard, nous stationnons devant un garage Fiat à Chillán qui on l’espère pourra nous retendre notre frein à main demain car il n’en veut plus. Une fois de plus, le gentil agent de sécurité gardant la concession nous promet de veiller sur nous cette nuit.

Je vous laisse à présent en compagnie de Dany le Nain qui vient de publier son 14ème article !

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