Photo Alpagas

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dimanche 3 avril 2016

Equateur du 23 mars au 2 avril : Saquisilí, Cotopaxi, Papallacta, Mitad del mundo, Peguche, Otavalo, Ibarra

585 km parcourus du 23 mars au 5 avril
25 533 km parcourus depuis le départ



Mercredi 23 mars :

Nous sommes de retour depuis hier mardi de la forêt amazonienne. Nous nous remettons tout doucement de nos émotions de ce voyage. Nous retrouvons nos repères, faisons du rangement, attendons le linge tout humide et plein de boue laissé hier à la laverie. Nous reprenons aussi le rythme de l’école. Les vacances sont terminées.
De mon côté, je prépare l’article sur Sarayaku et le tri de mes 850 photos prises en 5 jours. Comme nous n’avions pas d’électricité sur place, je n’ai pas pu réaliser l’article au fur et à mesure. Il y a donc un peu de boulot.
Nous prenons la route en début d’après-midi en empruntant la route des cascades par laquelle nous étions descendus de la Sierra. Le temps n’est pas au beau fixe. Nous avons encore la tête à Sarayaku.
Les enfants apprécient de regarder films et dessins animés et sont ainsi plus concentrés dessus que sur la route qui tourne. Pas besoin de cuvette. Nous allons prendre en effet plus de 2000 mètres d’altitude aujourd’hui. A la tombée de la nuit, nous arrivons à Saquisilí, ville réputée pour son marché hebdomadaire du jeudi.

Jeudi 24 mars :

Pas école cematin afin de profiter de bonne heure du marché. Il est considéré comme l’un des plus beaux d’Equateur avec celui d’Otavalo où nous irons la semaine prochaine. En revanche, celui-ci n’est pas du tout touristique. Nous sommes quasiment les seuls touristes à profiter des lieux. Il prend place sur plusieurs places et rues de la ville. Il est immense.









De nombreux petits producteurs descendent des pentes les plus raides des montagnes parfois jusqu’à 4000 mètres d’altitude, pour y vendre de tout : alimentation, quincaillerie, artisanat, plantes médicinales, produits miracles, crédits bancaires, bestiaux, meubles...







Nous adorons ces ambiances de marché. Comme sur tous les marchés, ce sont les poissonnières qui crient le plus fort ! Quel contraste avec la quiétude de la forêt amazonienne. Nous nous régalons des tenues traditionnelles et colorées que portent les équatoriens des petits villages. Les hommes et les femmes portent de beaux chapeaux de feutre sur lesquels sont accrochés une plume de paon.









C’est le moment de partager quelques œuvres réalisées au pastel par Audrey avant le départ.


Nous achetons fruits et légumes pour refaire le plein du frigo qui ne marche toujours pas, sauf quand on roule ou quand on est à moins de 2000 mètres d’altitude, ce qui n’arrive pas souvent dans la cordillère des Andes et ce qui ne va pas  beaucoup arriver dans les trois prochains mois où nous allons surtout rester entre 3000 et 4000 mètres.
En milieu de matinée, nous faisons route vers le Parc National du volcan Cotopaxi. Le Cotopaxi est un volcan actif qui culmine à 5897 mètres d’altitude. Il se trouve dans un processus éruptif. Il est couvert par une calotte glaciaire de plus de 11 km² qui alimente 3 fleuves importants (Cutuchi, Tambo et Pita). Le volcan est un cône symétrique parfait et sa base a un diamètre de 20 km.
Formé il y a 500 000 ans par une activité explosive importante, il a ensuite été au repos pendant 400 000 ans. La dernière grande éruption date de 1877 et fit des milliers de morts. Les coulées avaient atteint l'océan ainsi que la forêt amazonienne. Sans activité depuis 1942, il s’est réactivé en avril 2015 avec une grande émission de dioxyde de soufre. En août 2015, deux grandes explosions donnèrent lieu à des nuages de cendres atteignant 8 km d’altitude et qui affectèrent le sud de Quito. Depuis, le volcan est toujours menaçant et des coulées de lave pourraient faire fondre instantanément la calotte glaciaire ce qui provoquerait alors des inondations dangereuses.
Les risques les plus dangereux sont les « flujos piroclásticos » qui sont des mélanges à 500° de gaz, cendres et fragments de roche qui descendent du cratère à des vitesses atteignant 100 km/h, accompagné d’explosions éruptives importantes. 
Il peut y avoir aussi des flux de lave et de roches fondues très chaudes, ainsi que des avalanches de matériaux dues à l’instabilité de ses flancs.
Enfin, les « flujos de lodo y lahares » sont ces mêmes matériaux (sable, lave, cendres, pierre) mais mélangés à l’eau de la fonte de la calotte glaciaire qui sont les phénomènes les plus dangereux de l’éruption du Cotopaxi, et qui peuvent tout arracher sur le passage.
Les villes sont construites au pied du volcan. Les vents dominant à l’ouest, affectent l’ouest du volcan. Des villes, comme Latacunga, construites au pied du volcan ont déjà été détruites par les lahares, ces coulées de boues mortelles.
Audrey avait gardé un bon souvenir de son excursion ici il y a 15 ans et tenait à revenir ici avec nous. Mais aujourd’hui, pas de chance car d’une part, le Cotopaxi est sous les nuages et nous ne distinguons que la base de ce cône gigantesque ; d’autre part, compte tenu de son activité depuis 2015, nous ne pouvons profiter de l’intérêt majeur de ce parc en montant jusqu’au refuge Jose Rivas à 4600 mètres en véhicule et de terminer les derniers 264 mètres de dénivelé pour atteindre les bords des glaciers.
La visite ne se limite donc en ce moment qu’à l’accès à la lagune de Limpiopungo perchée à 3830 mètres d’altitude.


Ce lac, bordé de páramo (plaine d’altitude), est agréable mais il manque franchement un rayon de soleil pour apprécier un peu plus les lieux... et pour se réchauffer ! Petit malaise d’Anaïs, qui se remet vite, dû à l’altitude. Une petite barre de céréales que des passants nous proposent et c’est reparti.
Quelques éclaircies laissent apparaître la calotte glaciaire du volcan.
Nous quittons le parc et rejoignons la panaméricaine vers le nord. Cet axe autoroutier à l’approche de la capitale porte ici le nom d’avenue des volcans. Il est bordé d’une dizaine des volcans les plus hauts du monde. Plusieurs sont actifs. Mais, ils ont eux aussi la tête dans les nuages. Espérons que nous aurons plus de chances dans une vingtaine de jours quand nous repasserons par là en redescendant vers le Pérou.
Bivouac nécessaire dans la ville de Machachi pour y trouver un cyber café et mettre en ligne le long article de Sarayaku. Le wifi n’est pas évident à trouver en Equateur et n’est pas forcément d’assez bonne qualité pour mettre en ligne photos et vidéos. Je me réfugie donc jusqu’à 21 heures dans un cyber où pour quelques dizaines de centimes de dollars, je bénéficie d’une parfaite connexion. J’en profite pour me tenir au courant de la terrible actualité de ces dernières heures à Bruxelles.
La ville de Machachi n’a rien d’exceptionnel, comme ses voisines car trop souvent endommagées par les séismes et les coulées de lave ; juste quelques bâtiments coloniaux autour de sa place centrale. Nous nous attendions à trouver des fêtes religieuses et défilés en ce vendredi Saint mais il n’en n’est rien.

Vendredi 25 mars :

La matinée est consacrée à l’école et à se mettre à jour pour le blog où nous avions pris du retard sur les articles des enfants. Anaïs et Victor prennent toujours autant de plaisir à dicter à Audrey leurs impressions du voyage et à sélectionner leurs photos. Je repasse quelques heures au cyber à mettre tout ça en ligne, y compris les articles de notre compagnon forcé de voyage, Dany le nain. Je profite de ces quelques lignes pour remercier une nouvelle fois notre nièce Ella pour sa participation à notre blog et la féliciter pour son talent de rédaction et surtout pour son imagination ! Merci ma grande...
Nous nous dirigeons vers le Refugio de Vida Silvestre Pasochoa, petite réserve sur les pentes du volcan Pasochoa. Nous prévoyons d’y passer l’après-midi et d’y parcourir les trois petits sentiers à la découverte de la flore. Mais l’accès sur lequel nous nous engageons est une piste de pierres en très mauvais état. L’étroitesse du chemin, la venue d’un tunnel en courbe sans visibilité et la difficulté de croiser les véhicules en sens inverse me font faire demi-tour. Dommage et tant pis.
Nous nous posons sur un parking pour bivouaquer où nous regardons avec Audrey un documentaire sur l’Equateur pendant que les enfants jouent avec d’autres sur une aire de jeux. Anaïs a pris énormément d’assurance en espagnol et n’a plus peur d’aller vers les autres enfants. Elle arrive à parler suffisamment pour comprendre et se faire comprendre.

La fin de journée se passera à regarder « Rendez-vous en terre inconnue : Arthur chez les Quechuas ». Parallèle intéressant entre ces Quechuas vivant à 4500 mètres d’altitude dans les montagnes péruviennes et les Quechuas avec lesquels nous avons vécu la semaine dernière en Amazonie.

Samedi 26 mars :

Matinée sans bouger. Ecole, intendance (lessive, ménage, rangement...). Mécanique (changement filtre à air, réparation fuite d’air suspension pneumatique, réparation connectique caméra de recul). Changement du filtre à eau potable. Pleins d’eau et gasoil. Vidanges. La matinée est passée.
Nous roulons vers Papallacta pour être sur place demain de bonne heure avant qu’il y ait trop de monde. C’est en effet le week-end et les habitants de Quito y viennent en nombre en fin de semaine. Nous passons un col à 4070 mètres et le camping-car roule très bien. Aucun signe de faiblesse. Il pleut. Le ciel est bouché. Nous enfermons les enfants dans le camping-car, mettons en route les talkies-walkies et allons boire un café avec Audrey et faire un Skype avec la France dans le petit bar resto d’à côté qui a un bon Wifi.
Fin de journée tranquille : jeux de société, fin du documentaire commencé hier soir et repas croque-monsieur pour le plus grand plaisir de nos deux adorables enfants.

Dimanche 27 mars :

Dès 8h30, nous voici à tremper dans les bassins des thermes de Papallacta.

Bien que très touristique, et rempli d’équatoriens de Quito venus se détendre durant ce long week-end de Pâques, l’endroit est bien agréable. Une quinzaine de bassins en extérieur à 3300 mètres d’altitude sont remplis d’eau thermale aux vertus multiples. Certains sont tellement chauds qu’on ne peut même pas y entrer.
Petite rencontre sympa avec un couple franco-équatorien installé à Quito. Audrey se rappelle quelques souvenirs avec la femme qui travaille dans le lycée français de La Condamine où elle était venue durant sa formation IUFM.
Après 3 heures à barboter dans l’eau, nous voici repartis sur la route en repassant le col de Papallacta. Nous voyons l’énorme pipeline qui achemine tout le pétrole équatorien puisé dans la forêt amazonienne jusqu’à un port du Pacifique.
Le temps est un peu plus dégagé qu’hier en montant. Du coup, nous profitons plus de la beauté des montagnes et de la lagune de Papallacta qui alimente la ville de Quito en eau potable.



Dans la descente, achat de bonnes truites qui vont nous régaler ce midi.
Petite intervention mécanique pour resserrer un serflex d’une durite gasoil qui occasionnait une légère fuite.
Redescendus autour de Quito, nous repérons un parking gardé pour le camping-car, pour notre prochain séjour aux Galápagos. C’est trouvé pour 5$ par jour avec transfert à l’aéroport inclus et lavage du véhicule.
Nous contournons la capitale par un réseau routier en superbe état. Toutes les routes empruntées autour de Quito sont des routes à 2x2 ou 2x3 voies toutes récentes.
Nous nous arrêtons pour bivouaquer au point GPS : Lat : 0.00 Long : -78,18. Nous sommes sur la ligne équatoriale séparant notre globe en deux.
Petites expériences rigolotes comme celle de poser un œuf sur la ligne. Celui-ci tient debout ! Les enfants s’amusent à être l’un dans l’hémisphère sud, l’autre dans l’hémisphère nord.

Nous remontons dans le camping-car pour faire l’école quand au moment où on ouvre la porte, on s’aperçoit que les cloches sont passées ! ça n’a pas été facile, mais elles ont réussi à trouver des œufs en chocolat...

Lundi 28 mars :

Nous nous rendons en fin de matinée au monument de la moitié du monde. En fait, le lieu où nous avons bivouaqué n’est pas l’endroit exact du passage de l’équateur, malgré la présence des monuments l’affirmant mais ceux-ci datent un peu. Les GPS d’aujourd’hui, ont permis de précisément situer celui-ci une centaine de mètres plus au nord. Avec un GPS plus précis, on s’aperçoit qu’on a dormi à la latitude 0.00.018 et non 0 degrés, 0 minutes et 0 secondes, comme là où nous sommes à présent.

Un membre de l’association Quitsato nous donne quelques explications sur le site.
Cette association de passionnés, pour qui l’équateur n’est pas une simple ligne imaginaire mais une « sensation d’être », étudient depuis une vingtaine d’années le concept de « moitié du monde » considéré comme identité culturelle des équatoriens. Cette ligne effectivement a donné le nom à leur pays... Grâce à l’aide fournie par la technologie des satellites, il a ainsi été possible de découvrir de nombreux sites archéologiques pré incas, anciens observatoires astronomiques.
Le site, de construction récente, sur lequel nous nous trouvons, est une grande horloge / calendrier solaire. Il y a une semaine, le 21 mars, le soleil se levait pile poil le long de cette ligne. A midi, de même que le 21 septembre, le soleil éclairait juste le centre de cette tour cylindrique et creuse. Telle une aiguille d’un cadran solaire, par son ombre, elle indique toute l’année les heures. Il est d’ailleurs midi lors de notre visite et le soleil est parfaitement à la verticale au-dessus de nous. L’ombre indique également les mois de l’année. Les grosses pierres autour du cercle indiquent le 22 décembre quand l’ombre est sur celle de gauche, le 21 juin sur celle de droite, le 21 mars et le 23 septembre quand elle est sur la ligne équatoriale et les autres mois de l’année quand le lever du soleil est aligné sur les petites pierres.
A la cime du mont Catequilla près de Quito, il y a un site archéologique dont les coordonnées GPS sont 0 degrés, 0 minutes et 0 secondes. La position de cet endroit n’est pas une coïncidence, au contraire, on attribue aux cultures préhispaniques une profonde connaissance astronomique. A cet endroit, se trouve un mur semi circulaire de pierres jointes au mortier, formant un espace de demi-cercle symbolisant la moitié du monde. La ligne droite reliant les 2 extrémités de ce demi-cercle a une inclinaison de 23 degrés et 30 minutes, (l’inclinaison de la Terre !) par rapport à la ligne équinoxiale (l’axe dans lequel se lève le soleil à l’équinoxe de mars et de septembre).
Depuis ce site, en prolongeant loin dans les montagnes, les axes des solstices de juin et de décembre, les archéologues ont retrouvé des observatoires astronomiques inca. Incroyable !
De cet axe équatorial, c’est le seul endroit de la planète où nous pouvons observer toutes les constellations de la voûte céleste aussi bien de l’hémisphère nord (comme la Grande Ourse) que de l’hémisphère sud (comme la Croix du Sud). Enfin nous, nous n’allons pas observer grand-chose avec le ciel bouché qu’on a en ce moment.
Les passionnés de cette association se battent également pour défendre l’idée que la ligne équatoriale n’est pas un axe qui sépare le nord du sud mais plutôt qui les unit. Ils représentent d’ailleurs la Terre où les deux hémisphères sont partagés par une ligne équatoriale verticale. Ainsi, il n’y a pas de « supériorité » des pays du nord sur ceux du sud.
Nous poursuivons notre route vers le nord et traversons la ville de Cayambe. Les montagnes alentours sont tapissées de serres horticoles.
L’Equateur est un des principaux pays producteurs de roses. Une fois cueillies, elles seront en trois jours sur le marché de Rungis et sur les étals des Etats Unis (84% de la production), de la Russie et du reste de l’Europe. Le marché équatorien n’absorbe que 5 % de la production. L’altitude entre 2400 et 2900 mètres et l’ensoleillement présent 12 heures par jour toute l’année ainsi que le climat frais dû à l’altitude font que les roses se plaisent bien ici. Les plants sont importés de France et d’Israël et les roses sont réputées pour la longueur de leur tige et leurs boutons particuliers (plusieurs dizaines d’espèces). Quelques 400 hectares de la Sierra équatorienne sont ainsi consacrés à la culture intensive de roses mais aussi de chrysantèmes et d’œillets. La production est de 11 000 tonnes de fleurs par an !
Nous arrivons à Otavalo et prenons la direction de la lagune de Mojanda. Les guides touristiques l’indiquent comme lieu de visite incontournable. De plus, elle n’est qu’à 12 km de là où nous sommes. Les guides signalent que la piste empierrée est en bon état. C’est vrai. Mais ils ne disent pas qu’elle se situe à 3720 mètres d’altitude soit 1200 mètres de dénivelé... soit 10% de pente.


Nous voici engagés sur cette piste où nous roulons à 20km/h maxi en première vitesse. Il nous faudra donc 45 minutes pour arriver en haut de cette lagune qui doit certainement être très jolie... quand il fait beau. En cette fin d’après midi, à cette altitude, nous sommes dans les nuages et la pluie arrive. Impossible de sortir profiter du paysage et encore moins de faire les balades autour de cette lagune. 
Au lieu de randonner, nous nous réfugions dans la capucine sous la couette et regardons des documentaires « Échappées Belles » et « Faut pas Rêver » consacrés à l’Equateur. Nous apprécions beaucoup d’avoir téléchargé de nombreuses émissions sur l’Amérique du sud que nous regardons au fur et à mesure de notre parcours. Les enfants aussi prennent plaisir à les regarder.
Soudain, un grand flash à l’intérieur du camping-car. C’est un éclair qui illumine fortement notre maison. S’en suit un coup de tonnerre très fort. Les orages de montagnes à quasiment 4000 mètres sont impressionnants. On se sent un peu seuls au monde là où on est mais ça fait aussi du bien, un vrai bivouac en sauvage.
Soirée jeux de société et crêpes et au lit de bonne heure ! Mais l’orage continue à gronder... et si demain nous étions bloqués pour redescendre par des derumbes, c'est-à-dire des éboulements dus aux fortes pluies comme nous avons vu sur la montée... On envisage un temps de redescendre. Mais la nuit commence à tomber. Et on est dans les nuages... Et il pleut... Et j’ai peur de glisser sur les pavés mouillés recouverts de mousse en descendant... Bon, on reste. Peut-être qu’il fera beau demain matin et qu’on pourra profiter de la lagune, histoire de ne pas être montés pour rien.

Mardi 29 mars :

Le mauvais temps s’est finalement calmé dans la nuit. Audrey, comme c’est déjà arrivé quand on dort aux alentours de 4000 mètres d’altitude, a ressenti pendant quelques minutes cette nuit des difficultés à respirer. Rien d’inquiétant mais ce n’est pas agréable de manquer de souffle et de ne pas pouvoir remplir pleinement ses poumons.
Réveil matinal. On ouvre les rideaux. Le temps est dégagé. La lagune de Mojanda est en réalité formée de trois lagunes. La principale est celle de Caricocha. Les paysages sont absolument magnifiques. On est au cœur du Páramo.



Petite polaire, bien que les rayons de soleil réchauffent déjà bien alors qu’il n’est même pas 8 heures. Petit déjeuner en terrasse à 3720 mètres au dessus du niveau de la mer... Pas mal...
Pour la deuxième fois du voyage seulement, nous décidons de mettre le canoë à l’eau. Nous l’aurions bien fait plus souvent mais soit le climat ne s’y prêtait pas, soit il nous était interdit de naviguer dans les parcs nationaux du Chili.
Me voici donc à tout déballer et à sortir le gonfleur pour pomper durant quasiment 20 minutes. Sauf qu’on est en altitude et que cet effort m’anéantit ! Plus de souffle. On enfile les gilets de sauvetage et nous flottons sur les eaux noires de cette lagune d’altitude nichée au creux du cratère d’un ancien volcan. Nous sommes seuls au monde. C’est magique.


L’eau est transparente mais tellement foncée qu’on ne voit pas le fond qui de toute façon est à des dizaines de mètres de profondeur, 86 mètres précisément. Ce sont les montagnes se reflétant dans l’eau qui donne cette couleur obscure. Nous pagayons près d’une heure. Encore un merveilleux moment partagé tous les 4.



Bon la récré est terminée, il est temps de commencer l’école... en plein air...

Petite rencontre sympathique avec des français dont Alain, vendéen installé à Quito, qui nous donne quelques infos pratiques. Autre rencontre très agréable avec Bruno, un cycliste brésilien installé en Equateur qui découvre son pays d’adoption en parcourant la sierra durant 10 semaines. Il vient de gravir un dénivelé de 1200 mètres quand nous le rencontrons. Courageux...
Après déjeuner, c’est un piéton de Seatle aux Etats-Unis, Miles, que nous prenons en stop pour l’amener à Otavalo. La descente malgré la pente importante se passe bien.
Nous allons dans le petit village de Peguche. Nous allons voir une jolie cascade de 18 mètres de haut. Elle se jette dans le río Jatunyacu qui traverse un superbe parc d’eucalyptus dont certains sont centenaires.





Cet endroit est un site sacré. Des gens viennent se baigner dans des piscines de la période Inca. Durant l’Inti Raymi (fête du Soleil le 21 juin), ce site sert aux ablutions rituelles.
C’est dans ce village de Peguche entre autres, que résident les artisans approvisionnant le marché d’artisanat d’Otavalo. Visite de l’atelier d’instruments de musique andins (et grec !) de Nanda Mañachi. On nous joue différents airs de flûtes de pan et d’ocarina. Achat de petits souvenirs.


Un peu plus loin, dans une ruelle longeant l’église, nous entrons dans l’atelier de tissage de Jose Cotacachi. Nous le voyons travailler sur son métier à tisser (Kallua) à partir de laine d’alpaga, de lama ou de mouton de superbes ouvrages. Là également, nous nous faisons plaisir à ramener un joli tissage qui a représenté 4 jours de travail à Jose Cotacachi. Nous préférons acheter ces pièces ici en voyant les artisans travailler, plutôt que demain où nous allons aller au marché d’Otavalo.

Bivouac sur le parking de la cascade et soirée cyber café pour mettre le blog à jour.
Mercredi 30 mars :
Après une nouvelle nuit bercée par les aboiements des chiens, près de deux autres véhicules de voyageurs venant du Texas et du Mexique, nous voici réveillés de bien bonne heure ; en même temps, en se couchant à 20 heures, on a largement nos heures de sommeil...
Ça tombe bien, dès 7h45, le camping-car roule déjà en direction du centre ville d’Otavalo et de son célèbre marché d’artisanat. Les deux jours les plus importants pour celui-ci sont le mercredi et le samedi. A cette heure-ci, nous sommes les premiers touristes à déambuler sur la Plaza de los Ponchos où les artisans et les vendeurs s’installent à peine.



Audrey avait souvenir de ce marché où elle n’arrivait pas à mettre un pied devant l’autre. Les vendeurs ont le sourire, ne sont pas agressifs et cela rend notre balade bien agréable.



Il se vend ici toutes sortes de textiles (ponchos, hamacs, écharpes, bonnets, plaids, décorations murales...), bijoux, peintures, instruments de musique, chapeaux... Nous nous faisons plaisir à acheter de cet artisanat en souvenir de ce joli marché très coloré.


Je me régale une nouvelle fois à photographier les hommes et les femmes en tenue traditionnelle. Les femmes portent des chemisiers blancs brodés de fleurs très colorées.




 


Elles ont des colliers de perles de plusieurs rangs. Leurs cheveux sont tressés et enroulés dans des rubans tissés. 



Certaines ont leur tête recouverte d’un simple châle ou bien tout simplement d’un petit plaid plié en 4.





Les hommes portent des chemises claires et leur longue chevelure tressée est couverte d’un élégant chapeau de feutre.

Au milieu de ces nombreux stands, des femmes vendent des portions alimentaires.


Nous retrouvons avec plaisir de l'artisanat typique des communautés Quechuas qui utilisent des graines de la forêt pour élaborer de jolis bijoux. De jolies céramiques sont aussi en vente. Évidemment, il nous est beaucoup plus difficile de marchander, connaissant le temps passé et le travail réalisé.


L’après-midi, nous retournons traîner sur le marché artisanal. Après réflexion, je me laisse tenté par l’achat de ce charango que l’on voit sur la vidéo ci-dessous. 
Superbe pièce. Maintenant, il ne reste plus qu’à apprendre à jouer de cet instrument à 10 cordes typiques des Andes...
J’apprends à Anaïs et à Victor à marchander. Ici, le prix final est quasiment à diviser par deux par rapport au premier prix annoncé. Anaïs s’amuse et se débrouille très bien et s’achète des bracelets, un tissage, une petite toile peinte... Même Victor se prend au jeu et de sa petite voix dit « por favor » avec des grands yeux de biche et réussit à faire baisser le prix au vendeur qui s’amuse de le voir parler espagnol. Il s’achète un ocarina, un porte-clés, une petite boîte à trésor peinte...
Audrey de son côté, retourne voir la jeune femme tenant un stand d’artisanat de la forêt amazonienne et achète céramiques et bijoux.
Après avoir fait le plein d’eau chez les pompiers (ils sont rarement en rupture), nous faisons route vers la petite ville de Cotacachi et nous installons sur la place centrale pour y bivouaquer.
Nous sortons sous la pluie et nous réfugions dans le petit musée des cultures qui parcourt l’histoire archéologique et ethnographique de la région.  

Il présente les spécialités de la ville de Cotacachi (vannerie, cuir, instruments de musique...).


La ville est connue pour sa maroquinerie soi-disant d’excellente facture, mais sans être fin connaisseur, ne nous a pas paru si fine et si bien travaillée que cela. La rue principale regorge de dizaines de boutiques de cuir.
Balade dans le centre.




Jeudi 31 mars :

En fin de matinée, nous roulons vers la réserve écologique Cayapas et la lagune de Cuicocha.
Cette dernière, située à 3068 mètres d’altitude, est un très beau lac de cratère, profond de 200 mètres, occupant le fond d’une caldeira qui s’est formé il y a seulement 3000 ans. En son centre, émergent deux îles d’origine volcanique. Elles servaient jadis de prison aux Incas.
Petite balade sur un sentier qui offre une jolie vue sur la lagune.





Jolies fleurs, selon Audrey.




Petite visite du centre des visiteurs.

Nous roulons vers San Antonio de Ibarra, village réputé pour sa sculpture sur bois et son art religieux. Là aussi, des dizaines de boutiques d’artisanat et de galeries d’art. Et là par contre, nous sommes très vite séduits. Parmi les nombreux sculpteurs, nous nous arrêtons dans l’incroyable galerie de Luis Potosí, qui depuis bientôt 60 ans sculpte de magnifiques pièces dans du cèdre d’Amérique et dans du nogal (noyer). Il a d’ailleurs créé sa propre école de sculpture et a formé plus de 100 artisans. Il a exposé dans le monde entier. Le travail est remarquable. 


A la différence des autres boutiques, il n’est pas du tout spécialisé dans l’art religieux. Nous nous faisons plaisir à lui acheter quelques pièces dont une grosse tortue qu’on ne sait pas où ranger dans le camping-car...
Sur la place de la ville, d’énormes structures de jeux sculptées en forme de colibri ravissent nos enfants.

Nous bivouaquons à Ibarra, point le plus au nord de notre parcours. A partir de demain, nous entamons la redescente. Si nous n’avions pas perdu 3 semaines à faire réparer notre camping-car, nous aurions passé ce temps à découvrir en partie la Colombie. La frontière n’est qu’à 130 km de là où nous sommes. Nous n’avons entendu que du bien sur ce pays (notamment la beauté des paysages et surtout l’accueil des gens avec la sécurité revenue) et nous regrettons un peu de ne pas pouvoir y aller mais bon, on ne va pas se plaindre... on est quand même gâté de voir tant de beaux lieux depuis le début de notre voyage. Et puis nous avons tant de belles découvertes encore à faire. 

Vendredi 1er avril :

Finalement, après longue réflexion cette nuit, nous décidons avec Audrey de partir à la découverte de la Colombie et de prolonger notre voyage... d’un an. Nous continuons donc vers l’Amérique centrale et les Etats-Unis. Si nous avons le temps, nous poursuivrons par le Canada avant de redescendre sur la région des grands lacs. Ce sera l’occasion de découvrir d’autres cultures, de parcourir d’autres paysages, d’apprendre l’anglais. Nous reviendrons donc en France à l’été 2017 en prenant le bateau à Halifax. C’est vrai qu’il est dommage, quitte à être déjà sur place, de ne pas profiter plus de cette extraordinaire aventure que nous vivons. Il faudra donc être encore un peu patient avant de nous retrouver à moins de venir nous dire bonjour ici.
Je vois déjà mon patron et nos parents qui commencent à s’inquiéter... Bon, ce n’est qu’un poisson d’avril !!! Ah, ah, ah... Mais bon, l’idée est tentante et a d’ailleurs séduit des voyageurs rencontrés à Valdès qui eux, pour de vrai prolongent d’un an leur aventure. Quelle chance ! Vous avez bien raison Anne-Sophie et Benoît ! « Disfrute !!! Que le vaya bien ! ».


Anaïs et Victor entament la journée en nous collant dans le dos ainsi qu’à Dany le nain, des poissons d’avril !
Nous allons visiter le centre historique d’Ibarra, qui fut la cité la plus septentrionale de l’Empire Inca. Refondée en 1606 par les espagnols, de nombreuses églises et monuments furent alors érigés, mais un tremblement de terre en détruit une grande partie en 1868. Un autre tremblement de terre en 1987 a fait 13 000 victimes. Cependant, il reste encore de nombreux beaux monuments d’inspiration coloniale.


Un projet pharaonique, le Yachaï, est en train de sortir de terre et sera terminé d’ici 2030 : une sorte de Silicon Valley à l’équatorienne.
Nous commençons par l’agréable parc Pedro Moncayo. Quelques habitants  en tenues traditionnelles portent des grands ponchos et sont chaussés d’espadrilles.



La cathédrale d’Ibarra construite en pierres, de style roman, affiche une belle façade blanche. Elle a été reconstruite après le séisme de 1868. De style baroque, elle est décorée d’un faux plafond à caisson, de colonnes dorées...

Elle est mitoyenne d’un long bâtiment blanc abritant la Curie qui lui-même est mitoyen d’une chapelle épiscopale avec une façade néo-gothique.

Une cuadra plus loin, nous arrivons au parc de la Merced. La Basilique de la Merced date du 19ème siècle et est construite dans un style baroque avec un autel assez chargé.

Face à la Basilique, prend place un étonnant fort militaire.
C’est la première région d’Amérique du Sud que nous traversons où vit une importante communauté noire, comme d’ailleurs dans les autres villes du nord de l’Equateur.
Nous achetons la spécialité locale, les nogadas, friandises à base de noix. C’est bon mais ça colle aux dents...
Une atmosphère agréable se dégage des rues et places d’Ibarra et nous invite à pousser jusqu’au marché couvert. C’est souvent là qu’on trouve le meilleur rapport qualité-prix pour se nourrir d’un almuerzo (repas complet). C’est la cantine des gens du coin. Ici, pas de touristes. Nous mangeons une grosse assiette de soupe très consistante (avec morceaux de viande, patates et maïs) et une autre grosse assiette de crudités, riz, purée gratinée, et viande... le tout pour 1,80€ chacun (avec boisson ananas/coco!). Et encore, il y en avait tellement qu’on ramène les restes, ce qui nous fera notre repas de ce soir (les portions sont tellement énormes qu’il est de coutume ici de ramener ce qui reste dans les assiettes à la maison... ça limite les gaspillages ! ).

Enfin, ce qu’on préfère, ce sont surtout ces ambiances populaires. On adore se noyer à la population locale à ces heures de déjeuner.

Au milieu de ces gargotes, nous trouvons les habituels stands de fruits, légumes, viandes et poissons ainsi que des stands de fleurs dont les fameuses roses dont je vous parlais plus haut, et de plantes médicinales.




Retour au camping-car, le ventre bien rempli, et nous entamons donc le dernier grand demi-tour de notre voyage. Le précédent était à Ushuaïa, il y a 5 mois et demi et 17 110 km. Celui d’avant était au nord de l’Argentine aux chutes d’Iguazú, il y a presque 7 mois et 23 250 km . A présent, chaque jour nous rapprochera du port de Montevideo mais il nous reste encore 4 mois de voyage !
Nous avons été si emballés par la boutique de Luis Potosí hier que nous retournons voir sa galerie et craquons pour une  nouvelle pièce magnifique. Nous avons refait le tour des boutiques et galeries d’art de San Antonio de Ibarra mais celle-ci est vraiment la plus belle ; c’est là où le travail du bois nous semble le plus fin.


Le porte-monnaie vidé, nous faisons route vers Otavalo pour finaliser quelques achats au marché artisanal (nous avons retrouvé quelques dollars dans le double fond du porte-monnaie).
Nous allons bivouaquer près du parc San Sebastián où les enfants profitent des nombreuses structures de jeux.

Samedi 2 avril :

De bonne heure, nous nous rendons au marché aux bestiaux hebdomadaire d’Otavalo.
Chaque vendeur vend une à deux bêtes : vache, chèvre, cochon, mouton, cheval... Curieusement, pas de lama, ni d’alpaga. Dommage, on en aurait bien ramené un ! On est d’ailleurs surpris de ne pas voir beaucoup de ces camélidés dans les campagnes et dans la montagne. On s’attendait à voir beaucoup plus cet animal emblématique des Andes.
Nous marchons les pieds dans la m.... au milieu de ces centaines d’animaux, en veillant à ne pas se prendre un coup de sabot et à éviter les bouses.






Un peu plus loin, c’est le secteur des volailles (dindons, poules, coqs, canards), des cuis, des lapins, des chiots et des chats. Les animaux sont parfois dans des sacs en nylon.














Vendeurs et acheteurs négocient jusqu’à s’entendre et se taper dans la main. Je me renseigne au cas où : une vache coûte 450$, un poussin 0,90$, un cochon 180$, un porcelet 20$, un cuis 5$, un lot de 3 agneaux 190$... Mais bon, on  n’a plus beaucoup de place.
Les personnes sont toujours aussi belles dans leurs tenues traditionnelles.






Autour de ce marché aux bestiaux, de nombreux stands proposent à la vente tout ce qu’on peut trouver sur un marché, du téléphone portable au PQ en passant par les vêtements et les fruits et légumes.



Les fruits et légumes sont vendus en lots déjà préparés. Nous achetons d’ailleurs plusieurs lots différents : 5 avocats, 40 litchis, un régime de bananes, 20 tomates à 1$ chaque lot...
Nous nous régalons aussi de quelques douceurs achetées sur le marché.

Des bouquets de 12 roses sont vendus 2$ mais Audrey n'a pas de vase.
Puis, nous prenons la route en direction de Quito. 2h30 seront tout de même nécessaires pour parcourir les 80 km qui nous séparent de la capitale. Toujours grâce à l’appli iOverlander (que nous recommandons une nouvelle fois à tous les voyageurs), nous trouvons un stationnement en plein Quito près du parc de La Carolina. Parking gardé 24/24, wifi... mais payant 0,50$ l’heure et on compte y rester 4 jours ! Mais pour nous, c’est une contribution demandée de 1$ par jour ! On sent vraiment en Equateur que tout est fait pour les touristes. Comme par exemple, ce contrôle de police que nous avons eu sur la route où on m’a demandé les papiers. Le temps qu’Audrey aille les chercher dans le coffre-fort, le militaire me demande d’où je viens. Quand je lui réponds avec le sourire « de Francia », il me sourit à son tour et me dit de continuer ma route sans contrôler mes papiers...
Après-midi pluvieux. Ecole, mise à jour du blog et préparation de notre visite du centre colonial de Quito pour les 3 jours à venir.

Les cahiers de bord d'Anaïs et de Victor sont en ligne.

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